Elle lui avait dit avant de disparaître de l´autre côté du couloir
"Si j´ reviens pas d´où on m´emmène, j´ voudrais que tu continues pour moi"
Il a dit oui du fond d´un rêve, en espérant à la folie
Qu´on lui redonne celle qu´il aime, avec en moins la maladie

La grande entreprise a fait glisser le grand lit blanc au-delà des regards
Pour quelques heures d´éternité où la vie est restée sans gagner le combat
Il n´y a plus qu´un fil au bout de leurs doigts
Un message fragile que tu n´entends pas

Il n´a plus compté sa douleur devant son amour immobile
À surveiller le rythme d´un cœur, un simple mouvement de cils
Il est revenu à chaque instant, tous les jours, toutes les semaines
À en oublier ses enfants, pour un battement artificiel

Les hommes de science lui ont expliqué avec les mots que l´on ne comprend pas
Le laissant seul à regarder une courbe de vie qui descend vers le bas
Il n´y a plus qu´un fil, au bout de leurs doigts
Un souffle fragile que tu ne sens pas

Il a regardé sans y croire l´absence des amis qu´on attend
Ceux qui auraient dû être là pour partager ce vide immense
Et pour ne pas s´abandonner sous le trop-plein de son chagrin
Il s´est tourné vers l´inconnue qui voulait bien tendre une main

Les femmes en blanc l´ont accompagné de toute la force de leurs bras
Portant pour lui et pour le rassurer une moitié de vie, une moitié d´espoir
Il n´y a plus qu´un fil, au bout de leurs doigts
Un signe fragile, que tu ne vois pas

Elle lui avait dit avant de disparaître de l´autre côté du couloir
"Si j´ reviens pas d´où on m´emmène, j´ voudrais que tu continues pour moi"
Il a tenu cette promesse bien au-delà de son absence
En regardant celle qu´il aime, bien au-delà de sa souffrance

Toute la science n´a pas su dire, n´a pas pu faire, et n´a rien compris
De cette peine qui vous rend fort lorsque l´on aime à en mourir
Il a coupé le fil du bout de ses doigts
Pour que parte tranquille celle qui n´était plus là