{Elle:}
Je m´appelle Marie-Jeanne Brunet
Dans ce village où je suis née
Y avait dix fermes et dix troupeaux
À Saint-Agneau
En mil six cent quatre-vingt-trois
On mariait les voisins d´en bas
Et moi, j´aimais le plus beau
Jean Terriau

C´est dans cette ferme du Poitou
Que Jean parlait des carcajous
Des outardes et des hivers fous
Le roi avait besoin de bras
De courage et de bons soldats
Il partait juste quelques mois
Si tout va bien, Jean reviendra me chercher
À Saint-Agneau, à Saint-Agneau

{Lui:}
Mais ton histoire, je la connais
Mes parents me la racontaient
Ils avaient gardé les papiers
De Saint-Agneau
De père en fils on a rêvé
De Jean Terriau qui avait osé
Quitter famille et fiancée
À Saint-Agneau

{Elle:}
J´aurais pu être ton aïeule
{Lui:}
T´es bien jolie pour une ancêtre!
{Elle:}
Ta mère, ta marraine, ta filleule
Car ça fait trois cents ans peut-être
Que toutes nos femmes à la fenêtre
Attendent le retour
Un jour
De Jean Terriau, d´un Jean Terriau

{Lui:}
J´suis pas r´venu de la Côte Nord
{Elle:}
J´ai pleuré les larmes de mon corps
{Lui:}
J´ai souvent rêvé sur le port
À Saint-Agneau
Les siècles ont passé par-dessus
On s´est battus
On a tenu

{Elle:}
Mon Dieu, comme on s´est attendus
À Québec comme à Saint-Agneau
Ici aussi, il neigeait fort
Sur nos vivants et sur nos morts
Mais la sève s´est jamais tarie
Parce que j´avais gardé de lui, en secret
Un enfant aussi brave et beau
Que Jean Terriau, que Jean Terriau

{Lui:}
J´ suis resté bâtir un pays
{Elle:}
Et moi, je t´attendais ici
{Lui:}
Y a eu des guerres, des maladies
{Elle:}
Y avait l´ennui
On s´est aimés, on s´est manqués
Y a du chagrin des deux côtés
{Ensemble:}
Faudrait se r´prendre et r´commencer
On va se r´prendre et continuer {x2}