Pour la mort d'un chien
by Félix Leclerc
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S´il y a des cloches pour les chiens qui meurent,
Que sonnent les cloches pendant une heure,
Il est mort de m´attendre au coin d´une rue,
C´est tant pis pour moi, je n´suis pas venu.
Pourtant, j´avais dit au printemps,
Avec les fleurs, les vents d´avril,
Les hirondelles ont fait des milles,
Lui dire que j´étais au tournant.
Il m´a attendu tout l´été, tout l´été,
Pour qu´ensemble on aille courir dans les champs,
Je lancerai dans la coulée
Le bâton qu´il tient entre ses dents.
Quand l´automne est venu, il a vu
Que peut-être je ne reviendrais plus.
Il a r´culé au fond d´la cour,
A pleuré la chute des jours.
Le postillon lui a dit : "T´en fais,
Espère un peu, encore un mois"
Un voisin lui a dit : "Viens chez moi,
J´ai des enfants, on te guérira"
Mais non, il a attendu la neige,
Et elle l´a pris comme un sortilège.
Il s´est dit : "Elle le ramènera"
Mais j´ai failli encore une fois.
Donc, il est allé à la ville
Pour essayer de me r´tracer
Il a passé sous toutes les grilles
Et mordu tous les policiers.
Et puis, écœuré de l´amour,
Des charités, des beaux discours,
Il s´est roulé au coin d´la rue,
Attendit qu´on lui passe dessus.
S´il y a des cloches pour les chiens qui meurent,
Que sonnent les cloches pendant une heure,
Il est mort de m´attendre et je l´ai déçu,
Je mériterais qu´on ne m´aimât plus.
Pourtant...
Que sonnent les cloches pendant une heure,
Il est mort de m´attendre au coin d´une rue,
C´est tant pis pour moi, je n´suis pas venu.
Pourtant, j´avais dit au printemps,
Avec les fleurs, les vents d´avril,
Les hirondelles ont fait des milles,
Lui dire que j´étais au tournant.
Il m´a attendu tout l´été, tout l´été,
Pour qu´ensemble on aille courir dans les champs,
Je lancerai dans la coulée
Le bâton qu´il tient entre ses dents.
Quand l´automne est venu, il a vu
Que peut-être je ne reviendrais plus.
Il a r´culé au fond d´la cour,
A pleuré la chute des jours.
Le postillon lui a dit : "T´en fais,
Espère un peu, encore un mois"
Un voisin lui a dit : "Viens chez moi,
J´ai des enfants, on te guérira"
Mais non, il a attendu la neige,
Et elle l´a pris comme un sortilège.
Il s´est dit : "Elle le ramènera"
Mais j´ai failli encore une fois.
Donc, il est allé à la ville
Pour essayer de me r´tracer
Il a passé sous toutes les grilles
Et mordu tous les policiers.
Et puis, écœuré de l´amour,
Des charités, des beaux discours,
Il s´est roulé au coin d´la rue,
Attendit qu´on lui passe dessus.
S´il y a des cloches pour les chiens qui meurent,
Que sonnent les cloches pendant une heure,
Il est mort de m´attendre et je l´ai déçu,
Je mériterais qu´on ne m´aimât plus.
Pourtant...