La ballade de bessie smith
by Hélène Martin
lyricscopy.com
La grande Bessie qui chantait des blues
Est morte à Memphis dans le Tennessee
Il y a trente-cinq ans, le bras arraché
Entre un hôpital réservé aux blancs
Et un hôpital interdit aux noirs
Entre la pitié et la charité
Morte entre deux grilles et entre deux ciels
C´était en septembre mil neuf cent trente-sept
C´est un fait-divers que je vous raconte
Elle avait son âge, elle avait son poids
La grande Bessie mais elle chantait
Mille ans d´esclavage
Et des blues pourris comme des cadavres
Des sirops d´opium, d´étranges alcools
De poivre et de gin, le bras arraché
Frappez dans vos mains et claquez vos doigts
Les nègres manchots de l´Alabama
C´est un fait-divers que je vous raconte
La reine du blues crève comme une chienne
Ecoutez-moi bien, ça c´est du folklore
Et serrez vos cols bien amidonnés
Le jazz va gicler du bordel, du feutre d´Al Capone
Avec les premiers tempos
Sur les mitraillettes et sur les talons
Des filles tapies qui font le tapin
Aux fenêtres borgnes de la Basin Street
Dont les portes vertes s´ouvrent sur l´enfer
Je l´ai bien connue, la grande Bessie
En faisant tourner avec un copain
En faisant tourner des soixante-dix-huit
La grande Bessie qui faisait chialer
Toutes les peaux noires et quelques peaux blanches
Vers les années vingt, à travers les States
Moi, je l´écoutais avec un copain
C´était le Far West du pays de France
On buvait des blues en buvant du rouge
On en connaissait un brin sur le blues
Avec nos cafards, près des grues dressées
Comme des potences, entrez dans la danse
Je bois du whisky, l´oubli ne vient pas
Il fallait se pendre au-dessus du port
Et crier "Villon!" pour une épitaphe
Si je continue, je vais me saouler
Ça fait un morceau de temps à l´envers
Et des idées blues, je peux en revendre
Je revois les grues, pendaison lunaire
Bessie m´attendait sur les quais déserts
Et pour moi aussi, on brûlait des croix
J´avais le cœur noir sous le soleil nègre
La terre et le ciel étaient pleins de pus
De la mer immense aux cheveux crépus
La voix éraillée de l´impératrice
Sortait du silence comme d´un abcès
Sur le blouson noir d´un marin danois
Bessie! Oh, Bessie! Soleil sur les cordes
Un soleil en rut, les gorges coupées
Chantent sur la ligne des ségrégations
Fais-moi rigoler, Bessie la négresse
Avec tes nichons par-dessus l´épaule
Allant au marché africain-yankee
Et ton bras coupé qui pisse le sang
Et ton bras coupé qui brandit la gifle
Et ton bras coupé qui bat le tam-tam
{Parlé:}
Et le Klan, couleur de terreur, s´étend
Dans la mare rouge et il y patauge
Il claque des dents devant les dents blanches
Devant les yeux blancs des nègres tout noirs
C´est du cinéma et ma pauvre image
Est aussi mauvaise qu´un film à tiroirs
Mais je m´en fous bien quand sonne minuit
Dans la nuit qui va jusqu´à fin avril
De l´an mil neuf cent soixante-douze ou treize
Elle avait son âge, elle avait son poids
La grande Bessie mais elle chantait
Mille ans d´esclavage
Et des blues pourris comme des cadavres
Des sirops d´opium, d´étranges alcools
De poivre et de gin, le bras arraché
Frappez dans vos mains et claquez vos doigts
Les nègres manchots de l´Alabama
C´est un fait-divers que je vous raconte
Est morte à Memphis dans le Tennessee
Il y a trente-cinq ans, le bras arraché
Entre un hôpital réservé aux blancs
Et un hôpital interdit aux noirs
Entre la pitié et la charité
Morte entre deux grilles et entre deux ciels
C´était en septembre mil neuf cent trente-sept
C´est un fait-divers que je vous raconte
Elle avait son âge, elle avait son poids
La grande Bessie mais elle chantait
Mille ans d´esclavage
Et des blues pourris comme des cadavres
Des sirops d´opium, d´étranges alcools
De poivre et de gin, le bras arraché
Frappez dans vos mains et claquez vos doigts
Les nègres manchots de l´Alabama
C´est un fait-divers que je vous raconte
La reine du blues crève comme une chienne
Ecoutez-moi bien, ça c´est du folklore
Et serrez vos cols bien amidonnés
Le jazz va gicler du bordel, du feutre d´Al Capone
Avec les premiers tempos
Sur les mitraillettes et sur les talons
Des filles tapies qui font le tapin
Aux fenêtres borgnes de la Basin Street
Dont les portes vertes s´ouvrent sur l´enfer
Je l´ai bien connue, la grande Bessie
En faisant tourner avec un copain
En faisant tourner des soixante-dix-huit
La grande Bessie qui faisait chialer
Toutes les peaux noires et quelques peaux blanches
Vers les années vingt, à travers les States
Moi, je l´écoutais avec un copain
C´était le Far West du pays de France
On buvait des blues en buvant du rouge
On en connaissait un brin sur le blues
Avec nos cafards, près des grues dressées
Comme des potences, entrez dans la danse
Je bois du whisky, l´oubli ne vient pas
Il fallait se pendre au-dessus du port
Et crier "Villon!" pour une épitaphe
Si je continue, je vais me saouler
Ça fait un morceau de temps à l´envers
Et des idées blues, je peux en revendre
Je revois les grues, pendaison lunaire
Bessie m´attendait sur les quais déserts
Et pour moi aussi, on brûlait des croix
J´avais le cœur noir sous le soleil nègre
La terre et le ciel étaient pleins de pus
De la mer immense aux cheveux crépus
La voix éraillée de l´impératrice
Sortait du silence comme d´un abcès
Sur le blouson noir d´un marin danois
Bessie! Oh, Bessie! Soleil sur les cordes
Un soleil en rut, les gorges coupées
Chantent sur la ligne des ségrégations
Fais-moi rigoler, Bessie la négresse
Avec tes nichons par-dessus l´épaule
Allant au marché africain-yankee
Et ton bras coupé qui pisse le sang
Et ton bras coupé qui brandit la gifle
Et ton bras coupé qui bat le tam-tam
{Parlé:}
Et le Klan, couleur de terreur, s´étend
Dans la mare rouge et il y patauge
Il claque des dents devant les dents blanches
Devant les yeux blancs des nègres tout noirs
C´est du cinéma et ma pauvre image
Est aussi mauvaise qu´un film à tiroirs
Mais je m´en fous bien quand sonne minuit
Dans la nuit qui va jusqu´à fin avril
De l´an mil neuf cent soixante-douze ou treize
Elle avait son âge, elle avait son poids
La grande Bessie mais elle chantait
Mille ans d´esclavage
Et des blues pourris comme des cadavres
Des sirops d´opium, d´étranges alcools
De poivre et de gin, le bras arraché
Frappez dans vos mains et claquez vos doigts
Les nègres manchots de l´Alabama
C´est un fait-divers que je vous raconte