Coincé contre, tout contre une nana canon
Dont je ne connais ni les lèvres ni le nom
Je dérive, esseulé, au sein de ce wagon
Qui m´emporte à son gré, forçat dans son fourgon
Et j´attends, et j´attends la douce délivrance
Qui fleurera le romarin
En tenant fermement le cap à l´espérance
Moi qui n´ai pas vraiment le pied marin
Le pied marin

Je m´en vais, je m´en vais de station en station
Vers mon boulot peinard, tout près de la Nation
J´aimerais, j´aimerais que mon corps se libère
Dans le flot des passants, là-haut vers la lumière
Et j´attends et j´attends la douce délivrance
Sur les rivages du métro
En regardant passer des posters de vacances
Qui sentent presque bon le sable chaud
Le sable chaud

Ballotté, cahoté, pressé comme un citron
Je gagne vaillamment ma pole position
Embusqué, à l´affût, tout contre la portière
Je me dis qu´il est temps, grand temps de changer d´air
Et j´attends, et j´attends la douce délivrance
Que l´on déguste deux par deux
Le cœur arc-bouté vers la correspondance
Avec le terminus au fond des yeux
Au fond des yeux

On s´en va, on s´en va, poussés vers quelque part
Et le tout dernier train qui prendra le départ
Sera plein, archi plein, mais c´est une certitude
On dit qu´il fait souvent grand beau en altitude
Je la sens, je la sens la douce délivrance
Si proche, sans promiscuité
Un gentil cabanon paumé dans l´herbe dense
Et quelques blancs moutons pour la brouter
Pour la brouter

Coincé contre, tout contre une nana canon
Dont je ne connais ni les lèvres, ni le nom
Je me dis qu´on pourrait abriter nos prénoms
Sous le toit très discret de mon p´tit cabanon