Ce fléau natif de tournai
by Julos Beaucarne
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Il me dit qu´il était très riche,
Mais qu´il craignait le choléra;
- Que de son or il était chiche,
Mais qu´il goûtait fort l´Opéra;
- Qu´il raffolait de la nature,
Ayant connu monsieur Corot;
- Qu´il n´avait pas encor voiture,
Mais que cela viendrait bientôt;
- Qu´il aimait le marbre et la brique,
Les bois noirs et les bois dorés;
- Qu´il possédait dans sa fabrique
Trois contremaîtres décorés;
- Qu´il n´aimait pas beaucoup sa femme
Ni sa mère; - mais qu´il croyait
A l´immortalité de l´âme,
Et qu´il avait lu Niboyet!
- Qu´il penchait pour l´amour physique,
Et qu´à Rome, séjour d´ennui
Une femme, d´ailleurs phtisique,
Etait morte d´amour pour lui.
Pendant trois heures et demie,
Ce bavard, venu de Tournai,
M´a dégoisé toute sa vie;
J´en ai le cerveau consterné.
S´il fallait décrire ma peine,
Ce serait à n´en plus finir;
Je me disais, domptant ma haine :
"Au moins, si je pouvais dormir!"
Comme un qui n´est pas à son aise,
Et qui n´ose pas s´en aller,
Je frottais de mon cul ma chaise,
Rêvant de le faire empaler.
Ce monstre se nomme Bastogne;
Il fuyait devant le fléau.
Moi, je fuirai jusqu´en Gascogne,
Ou j´irai me jeter à l´eau,
Si dans ce Paris, qu´il redoute,
Quand chacun sera retourné,
Je trouve encore sur ma route
Ce fléau, natif de Tournai.
Si dans ce Paris, qu´il redoute,
Quand chacun sera retourné,
Je trouve encore sur ma route
Ce fléau, natif de Tournai.
Mais qu´il craignait le choléra;
- Que de son or il était chiche,
Mais qu´il goûtait fort l´Opéra;
- Qu´il raffolait de la nature,
Ayant connu monsieur Corot;
- Qu´il n´avait pas encor voiture,
Mais que cela viendrait bientôt;
- Qu´il aimait le marbre et la brique,
Les bois noirs et les bois dorés;
- Qu´il possédait dans sa fabrique
Trois contremaîtres décorés;
- Qu´il n´aimait pas beaucoup sa femme
Ni sa mère; - mais qu´il croyait
A l´immortalité de l´âme,
Et qu´il avait lu Niboyet!
- Qu´il penchait pour l´amour physique,
Et qu´à Rome, séjour d´ennui
Une femme, d´ailleurs phtisique,
Etait morte d´amour pour lui.
Pendant trois heures et demie,
Ce bavard, venu de Tournai,
M´a dégoisé toute sa vie;
J´en ai le cerveau consterné.
S´il fallait décrire ma peine,
Ce serait à n´en plus finir;
Je me disais, domptant ma haine :
"Au moins, si je pouvais dormir!"
Comme un qui n´est pas à son aise,
Et qui n´ose pas s´en aller,
Je frottais de mon cul ma chaise,
Rêvant de le faire empaler.
Ce monstre se nomme Bastogne;
Il fuyait devant le fléau.
Moi, je fuirai jusqu´en Gascogne,
Ou j´irai me jeter à l´eau,
Si dans ce Paris, qu´il redoute,
Quand chacun sera retourné,
Je trouve encore sur ma route
Ce fléau, natif de Tournai.
Si dans ce Paris, qu´il redoute,
Quand chacun sera retourné,
Je trouve encore sur ma route
Ce fléau, natif de Tournai.