Le couteau
by Louis Lynel
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Pardon, monsieur le métayer
Si de nuit je dérange,
Mais je voudrais bien sommeiller
Au fond de votre grange?
Mon pauvre ami, la grange est pleine
Du blé de la moisson,
Donne-toi donc plutôt la peine
D´entrer dans la maison!
Mon bon monsieur, je suis trop gueux,
Quel gâchis vous ferais-je!
Je suis pieds nus, sale et boueux
Et tout couvert de neige!
Mon pauvre ami, quitte bien vite
Tes hardes en lambeaux :
Pouille-moi ce tricot, de suite
Chausse-moi ces sabots!
De tant marcher à l´abandon
J´ai la gorge bien sèche,
Mon bon monsieur, baillez-moi donc
Un grand verre d´eau fraîche!
L´eau ne vaut rien lorsque l´on tremble,
Le cidre... guère mieux :
Mon bon ami, trinquons ensemble,
Goûte-moi ce vin vieux!
Mon bon monsieur, on ne m´a rien
Jeté le long des routes,
Je voudrais avec votre chien
Partager deux, trois croûtes!
Si depuis ce matin tu rôdes,
Tu dois être affamé
Voici du pain, des crêpes chaudes,
Voici du lard fumé!
Chassez du coin de votre feu
Ce rôdeur qui ne bouge.
Etes-vous "Blanc"? Etes-vous "Bleu"?
Moi, je suis plutôt "Rouge"!
Qu´importent ces mots : République,
Commune ou Royauté" :
Ne mêlons pas la Politique
Avec la charité!
Puis, le métayer s´endormit,
La minuit étant proche.
Alors, le vagabond sortit
Son couteau de sa poche.
L´ouvrit, le fit luire à la flamme,
Puis, se dressant soudain,
Il planta sa terrible lame
Dans... la miche de pain!
Au matin jour le gueux s´en fut
Sans vouloir rien attendre
Oubliant son couteau pointu
Au milieu du pain tendre :
Vous dormirez en paix, ô riches!
Vous et vos capitaux,
Tant que les gueux auront des miches
Où planter leurs couteaux!
Si de nuit je dérange,
Mais je voudrais bien sommeiller
Au fond de votre grange?
Mon pauvre ami, la grange est pleine
Du blé de la moisson,
Donne-toi donc plutôt la peine
D´entrer dans la maison!
Mon bon monsieur, je suis trop gueux,
Quel gâchis vous ferais-je!
Je suis pieds nus, sale et boueux
Et tout couvert de neige!
Mon pauvre ami, quitte bien vite
Tes hardes en lambeaux :
Pouille-moi ce tricot, de suite
Chausse-moi ces sabots!
De tant marcher à l´abandon
J´ai la gorge bien sèche,
Mon bon monsieur, baillez-moi donc
Un grand verre d´eau fraîche!
L´eau ne vaut rien lorsque l´on tremble,
Le cidre... guère mieux :
Mon bon ami, trinquons ensemble,
Goûte-moi ce vin vieux!
Mon bon monsieur, on ne m´a rien
Jeté le long des routes,
Je voudrais avec votre chien
Partager deux, trois croûtes!
Si depuis ce matin tu rôdes,
Tu dois être affamé
Voici du pain, des crêpes chaudes,
Voici du lard fumé!
Chassez du coin de votre feu
Ce rôdeur qui ne bouge.
Etes-vous "Blanc"? Etes-vous "Bleu"?
Moi, je suis plutôt "Rouge"!
Qu´importent ces mots : République,
Commune ou Royauté" :
Ne mêlons pas la Politique
Avec la charité!
Puis, le métayer s´endormit,
La minuit étant proche.
Alors, le vagabond sortit
Son couteau de sa poche.
L´ouvrit, le fit luire à la flamme,
Puis, se dressant soudain,
Il planta sa terrible lame
Dans... la miche de pain!
Au matin jour le gueux s´en fut
Sans vouloir rien attendre
Oubliant son couteau pointu
Au milieu du pain tendre :
Vous dormirez en paix, ô riches!
Vous et vos capitaux,
Tant que les gueux auront des miches
Où planter leurs couteaux!