Il ne fut pas mon seul amant
Non, mais il fut mon seul mari
Je l´ai aimé immensément
Il était mon meilleur ami

J´avais quelques hommes à mes trousses
Et je n´vivais qu´pour lui et toi
Il m´a fait l´coup d´partir en douce
Pendant que j´étais même pas là

J´devine le choc que ça a dû t´faire
Quand tu l´as vu c´dimanche pluvieux
Avec son regard à l´envers
Ses mains trop froides et sa peau bleue

T´étais tout seul avec ta peine
T´étais tout seul dans mon absence
T´as dû hurler comme une sirène
Pour faire des trous dans son silence

Ça a du t´sembler tellement étrange
De trouver ton père parti
Vers ce lointain pays des anges
Qui on l´espère est l´paradis

Je ne sais pas si c´était bien
Je ne sais pas si c´était mieux
Que je n´aie pas tenu sa main
Que je n´aie pas fermé ses yeux

À l´heure où il a décidé
De se dévêtir de son corps
Et d´aller l´âme dénudée
Se balader de l´autre bord

Comme je regrette ce jour-là
De n´avoir pas téléphoné
D´avoir été sourde à ta voix
D´avoir eu l´sourire accroché

Pour séduire un homme de passage
Pour assouvir quelques désirs
J´m´étais permis ce rare voyage
Et Dieu s´est chargé de punir

T´étais à g´noux aux pieds d´ton père
Et y avait ton âme en morceaux
Éparpillée partout par terre
Si j´étais arrivée plus tôt

Que ces ambulanciers idiots
Qui ont pas fait gaffe à tes éclats
Qui ont pas vu ton cœur en copeaux
Et qui ont piétiné les dégâts

J´aurais pu tout te recoller
Te reconduire jusqu´à ta chambre
Veiller sur toi et te soigner
On aurait pu pleurer ensemble

Mais c´est si tard à mon retour
Que tes pupilles s´étaient éteintes
Tu as refusé mes étreintes
Tu as décliné mon amour.