Idylle coupée
by Monique Morelli
lyricscopy.com
C´est très parisien dans les rues
Quand l´Aurore fait le trottoir,
De voir sortir toutes les Grues
Du violon, ou de leur boudoir...
Chanson pitoyable et gaillarde;
Chiffons fanés papillotants,
Fausse note rauque et criarde
Et petits traits crus, turlutants :
Velours ratissant la chaussée;
Grande-duchesse mal chaussée,
Cocotte qui court becqueter
Et qui dit bonjour pour chanter...
J´aime les voir, tout plein légères,
Et, comme en façon de prières,
Entrer dire... Bonjour, gros chien -
Au merlan, puis au pharmacien.
J´aime les voir, chauves, déteintes,
Vierges de seize à soixante ans,
Rossignoler pas mal d´absinthes,
Perruches de tout leur printemps;
Et puis payer le mannezingue,
Au Polyte qui sert d´Arthur,
Bon jeune homme né brandezingue,
Dos-bleu sous la blouze d´azur.
- C´est au boulevard excentrique,
Au - BON RETOUR DU CHAMP DU NORD –
Là : toujours vert le jus de trique,
Rose le nez des Croque-mort...
Moitié panaches, moitié cire,
Nez croqués vifs au demeurant,
Et gais comme un enterrement...
- Toujours le petit mort pour rire! -
Le voyou siffle - vilain merle –
Et le poète de charnier
Dans ce fumier cherche la perle,
Avec le peintre chiffonnier.
Tous les deux fouillant la pâture
De leur art... à coups de groins;
Sûrs toujours de trouver l´ordure.
- C´est le fonds qui manque le moins.
C´est le Persil des gueux sans poses,
Et des riches sans un radis...
- Mais ce n´est pas pour vous, ces choses,
O provinciaux de Paris!...
Ni pour vous, essayeurs de sauces,
Pour qui l´azur est un ragoût!
Grands empâteurs d´emplâtres fausses,
Ne faisant rien, faisant partout!
- Rembranesque! Raphaélique!
- Manet et Courbet au milieu -
...Ils donnent des noms de fabrique
A la pochade du bon Dieu!
Ces Gallimard cherchant la ligne,
Et ces Ducornet-né-sans-bras,
Dont la blague, de chic, vous signe
N´importe quoi... qu´on ne peint pas.
Il coule une divine flamme,
Sous la peau; l´on se sent avoir
Je ne sais quoi qui fleure l´âme...
Je ne sais - mais ne veux savoir.
Volez, mouches et demoiselles!...
Le gouapeur aussi vole un peu
D´idéal... Tout n´a pas des ailes...
Et chacun vole comme il peut.
- Un grand pendard, cocasse, triste,
Jouissait de tout ça, comme moi,
Point ne lui demandais pourquoi...
Du reste - une gueule d´artiste -
Il reluquait surtout la tête
Et moi je reluquais le pied.
- Jaloux... pourquoi? C´eût été bête,
Ayant chacun notre moitié. -
Ma béatitude nagée
Jamais, jamais n´avait bravé
Sa silhouette ravagée
Plantée au milieu du pavé...
- Mais il fut un Dieu pour ce drille :
Au matin loupant comme ça,
Dessinant des yeux une fille...
- Un omnibus vert l´écrasa.
Quand l´Aurore fait le trottoir,
De voir sortir toutes les Grues
Du violon, ou de leur boudoir...
Chanson pitoyable et gaillarde;
Chiffons fanés papillotants,
Fausse note rauque et criarde
Et petits traits crus, turlutants :
Velours ratissant la chaussée;
Grande-duchesse mal chaussée,
Cocotte qui court becqueter
Et qui dit bonjour pour chanter...
J´aime les voir, tout plein légères,
Et, comme en façon de prières,
Entrer dire... Bonjour, gros chien -
Au merlan, puis au pharmacien.
J´aime les voir, chauves, déteintes,
Vierges de seize à soixante ans,
Rossignoler pas mal d´absinthes,
Perruches de tout leur printemps;
Et puis payer le mannezingue,
Au Polyte qui sert d´Arthur,
Bon jeune homme né brandezingue,
Dos-bleu sous la blouze d´azur.
- C´est au boulevard excentrique,
Au - BON RETOUR DU CHAMP DU NORD –
Là : toujours vert le jus de trique,
Rose le nez des Croque-mort...
Moitié panaches, moitié cire,
Nez croqués vifs au demeurant,
Et gais comme un enterrement...
- Toujours le petit mort pour rire! -
Le voyou siffle - vilain merle –
Et le poète de charnier
Dans ce fumier cherche la perle,
Avec le peintre chiffonnier.
Tous les deux fouillant la pâture
De leur art... à coups de groins;
Sûrs toujours de trouver l´ordure.
- C´est le fonds qui manque le moins.
C´est le Persil des gueux sans poses,
Et des riches sans un radis...
- Mais ce n´est pas pour vous, ces choses,
O provinciaux de Paris!...
Ni pour vous, essayeurs de sauces,
Pour qui l´azur est un ragoût!
Grands empâteurs d´emplâtres fausses,
Ne faisant rien, faisant partout!
- Rembranesque! Raphaélique!
- Manet et Courbet au milieu -
...Ils donnent des noms de fabrique
A la pochade du bon Dieu!
Ces Gallimard cherchant la ligne,
Et ces Ducornet-né-sans-bras,
Dont la blague, de chic, vous signe
N´importe quoi... qu´on ne peint pas.
Il coule une divine flamme,
Sous la peau; l´on se sent avoir
Je ne sais quoi qui fleure l´âme...
Je ne sais - mais ne veux savoir.
Volez, mouches et demoiselles!...
Le gouapeur aussi vole un peu
D´idéal... Tout n´a pas des ailes...
Et chacun vole comme il peut.
- Un grand pendard, cocasse, triste,
Jouissait de tout ça, comme moi,
Point ne lui demandais pourquoi...
Du reste - une gueule d´artiste -
Il reluquait surtout la tête
Et moi je reluquais le pied.
- Jaloux... pourquoi? C´eût été bête,
Ayant chacun notre moitié. -
Ma béatitude nagée
Jamais, jamais n´avait bravé
Sa silhouette ravagée
Plantée au milieu du pavé...
- Mais il fut un Dieu pour ce drille :
Au matin loupant comme ça,
Dessinant des yeux une fille...
- Un omnibus vert l´écrasa.