Le mégot
by Yves Montand
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[mots en russe]
A Kolyma, à Kolyma qui est un enfer blanc
Tout près du camp, un jour de brouillard
J´ai vu un mégot avec du rouge à lèvres
Et j´ai couru pour le ramasser
Quatre ans ici, sans voir une femme
Et puis enfin un coup d´ chance
Ce mégot peut-être tombé d´un avion
Et que le vent sauvage m´a apporté
Je pense à toi, avec qui fais-tu l´amour?
Avec qui partages-tu ta cigarette?
Je sais bien que toi, tu ne prends pas l´avion
Pour voler par-dessus ma tête
Ce mégot-là, tous me l´enviaient
L´assassin comme le pédéraste
Même les droit-commun, les aristos du camp
En avaient pour moi du respect
Ce mégot-là, je l´ai perdu aux cartes
Il valait pourtant mille roubles
Mais, là aussi, la chance ne m´a pas aidé
Je pensais à ma dame de trèfle
J´ai tout perdu de ce que j´avais
Ma ration de sucre pour deux ans
Et je reste là, les mains sur les genoux
Et pour travailler, rien sur le dos
Rappelle-toi, salaud, comme tu claquais l´argent
Pour les femmes aux lèvres rouges
Fallait-il pour ça, camarade gardien,
Taper si fort de votre poing?
Alors, ils m´ont conduit au cachot
Les pieds nus comme Jésus-Christ
Et pendant dix jours, de mes lèvres en sang
J´ai fardé de rouge mes mégots
A Kolyma, à Kolyma qui est un enfer blanc
Tout près du camp, un jour de brouillard
J´ai vu un mégot avec du rouge à lèvres
Et j´ai couru pour le ramasser
Quatre ans ici, sans voir une femme
Et puis enfin un coup d´ chance
Ce mégot peut-être tombé d´un avion
Et que le vent sauvage m´a apporté
Je pense à toi, avec qui fais-tu l´amour?
Avec qui partages-tu ta cigarette?
Je sais bien que toi, tu ne prends pas l´avion
Pour voler par-dessus ma tête
Ce mégot-là, tous me l´enviaient
L´assassin comme le pédéraste
Même les droit-commun, les aristos du camp
En avaient pour moi du respect
Ce mégot-là, je l´ai perdu aux cartes
Il valait pourtant mille roubles
Mais, là aussi, la chance ne m´a pas aidé
Je pensais à ma dame de trèfle
J´ai tout perdu de ce que j´avais
Ma ration de sucre pour deux ans
Et je reste là, les mains sur les genoux
Et pour travailler, rien sur le dos
Rappelle-toi, salaud, comme tu claquais l´argent
Pour les femmes aux lèvres rouges
Fallait-il pour ça, camarade gardien,
Taper si fort de votre poing?
Alors, ils m´ont conduit au cachot
Les pieds nus comme Jésus-Christ
Et pendant dix jours, de mes lèvres en sang
J´ai fardé de rouge mes mégots