Frangines
par Anne Sylvestre
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Ce fut à l´école, déjà,
Qu´on fit de nous des concurrentes
On se regardait chien et chat
On détestait les redoublantes
Souffre-douleur ou bien fayotes
On se poussait toujours plus haut
On s´arrachait les bonnes notes
On pleurait devant le tableau
On aurait pu rester frangines
Ça nous aurait gagné du temps
Au coude à coude, j´imagine
Qu´il n´aurait pas fallu longtemps
Pour qu´on soit toutes aussi bonnes
Malgré les pionnes
Et les parents
Ensuite, en face des garçons
Commença la grande offensive
On se fabriquait des façons
Des rendez-vous sur l´autre rive
Et grande bringue ou Blanche-Neige
C´était à qui amènerait
Tous les boutonneux du collège
À l´accompagner sur le quai
On aurait pu rester frangines
Ça nous aurait gagné du temps
Bras dessus-dessous, j´imagine
Qu´on aurait, de ces débutants
Avant que la vie les assomme,
Pu faire des hommes,
Pas des enfants
Un peu plus tard, c´est la beauté
Qu´on nous érigea en barrière
On se retrouvait insultée
Si on n´était pas la première
Nos amitiés faisaient sourire
Fallait nous crêper le chignon
Et tout ce qu´on pouvait se dire
N´était que fadaises ou chiffons
On aurait pu rester frangines
Ça nous aurait gagné du temps
Main sur l´épaule, j´imagine
Qu´on aurait pu, se regardant,
Voir qu´on était toutes assez belles
Et même celles
Qui ont pas le temps
C´est tout pareil dans nos métiers
On nous oppose et on nous monte
En épingle, pour mieux montrer
Qu´on se trouve en dehors du compte
Pour peu qu´on dépasse la tête
On est toujours une exception
Chacune sur notre planète,
Ce qu´on a pu tourner en rond!
Si on se retrouvait frangines
On n´aurait pas perdu son temps
Unissant nos voix, j´imagine
Qu´on en dirait vingt fois autant
Et qu´on ferait changer les choses
Et je suppose, aussi, les gens
Et qu´on ferait changer les choses
Allez! On ose
Il est grand temps!
Qu´on fit de nous des concurrentes
On se regardait chien et chat
On détestait les redoublantes
Souffre-douleur ou bien fayotes
On se poussait toujours plus haut
On s´arrachait les bonnes notes
On pleurait devant le tableau
On aurait pu rester frangines
Ça nous aurait gagné du temps
Au coude à coude, j´imagine
Qu´il n´aurait pas fallu longtemps
Pour qu´on soit toutes aussi bonnes
Malgré les pionnes
Et les parents
Ensuite, en face des garçons
Commença la grande offensive
On se fabriquait des façons
Des rendez-vous sur l´autre rive
Et grande bringue ou Blanche-Neige
C´était à qui amènerait
Tous les boutonneux du collège
À l´accompagner sur le quai
On aurait pu rester frangines
Ça nous aurait gagné du temps
Bras dessus-dessous, j´imagine
Qu´on aurait, de ces débutants
Avant que la vie les assomme,
Pu faire des hommes,
Pas des enfants
Un peu plus tard, c´est la beauté
Qu´on nous érigea en barrière
On se retrouvait insultée
Si on n´était pas la première
Nos amitiés faisaient sourire
Fallait nous crêper le chignon
Et tout ce qu´on pouvait se dire
N´était que fadaises ou chiffons
On aurait pu rester frangines
Ça nous aurait gagné du temps
Main sur l´épaule, j´imagine
Qu´on aurait pu, se regardant,
Voir qu´on était toutes assez belles
Et même celles
Qui ont pas le temps
C´est tout pareil dans nos métiers
On nous oppose et on nous monte
En épingle, pour mieux montrer
Qu´on se trouve en dehors du compte
Pour peu qu´on dépasse la tête
On est toujours une exception
Chacune sur notre planète,
Ce qu´on a pu tourner en rond!
Si on se retrouvait frangines
On n´aurait pas perdu son temps
Unissant nos voix, j´imagine
Qu´on en dirait vingt fois autant
Et qu´on ferait changer les choses
Et je suppose, aussi, les gens
Et qu´on ferait changer les choses
Allez! On ose
Il est grand temps!