Les dames de mon quartier
par Anne Sylvestre
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Les dames de mon quartier,
De mon quartier d´orange
Jamais ne se mélangent
Aux familles d´à côté
Sur leur dos, attaché
Un drôle de petit ange
Dort sans qu´on le dérange
Les pieds bien écartés
Elles sont environnées
D´une belle marmaille
Un peu de toutes les tailles
Aux cheveux bien nattés
De leur pas chaloupé
On attendrait qu´elles aillent
Marcher dans les broussailles
Au lieu de ces pavés
Les dames de mon quartier,
Quartier de pamplemousse
Elles ont la peau si douce
Qu´on dirait de la soie
Et leur décolleté
Que l´épaule repousse
Parfois nous éclabousse
Quand elles se déploient
Quelques bijoux dorés
Éclairent leur visage
Parfois un tatouage
Met une ombre bleutée
Qu´elles ont rapportée
De leur lointain village
Pour vivre dans des cages
Sans rien à regretter
Les dames de mon quartier,
De mon quartier de mangue
Quand elles montrent la langue
On dirait un rosier
Mais brève est leur gaieté
Quand le rire s´étrangle
En silence, elles tanguent
Rejoindre leur clapier
Ignorant les passants
Leurs petits à la traîne
Marchant comme des reines
Et le regard absent
Elles savent que les attend
Semaine après semaine
La chambre déjà pleine
Et le prochain enfant
Les dames de mon quartier,
De mon quartier de lune
Je n´en connais aucune
Mais je peux bien rêver
Les avoir rencontrées
Au détour d´une dune,
À l´épaule, chacune,
Une cruche à porter
Remplie aux sources oubliées
De mon quartier d´orange
Jamais ne se mélangent
Aux familles d´à côté
Sur leur dos, attaché
Un drôle de petit ange
Dort sans qu´on le dérange
Les pieds bien écartés
Elles sont environnées
D´une belle marmaille
Un peu de toutes les tailles
Aux cheveux bien nattés
De leur pas chaloupé
On attendrait qu´elles aillent
Marcher dans les broussailles
Au lieu de ces pavés
Les dames de mon quartier,
Quartier de pamplemousse
Elles ont la peau si douce
Qu´on dirait de la soie
Et leur décolleté
Que l´épaule repousse
Parfois nous éclabousse
Quand elles se déploient
Quelques bijoux dorés
Éclairent leur visage
Parfois un tatouage
Met une ombre bleutée
Qu´elles ont rapportée
De leur lointain village
Pour vivre dans des cages
Sans rien à regretter
Les dames de mon quartier,
De mon quartier de mangue
Quand elles montrent la langue
On dirait un rosier
Mais brève est leur gaieté
Quand le rire s´étrangle
En silence, elles tanguent
Rejoindre leur clapier
Ignorant les passants
Leurs petits à la traîne
Marchant comme des reines
Et le regard absent
Elles savent que les attend
Semaine après semaine
La chambre déjà pleine
Et le prochain enfant
Les dames de mon quartier,
De mon quartier de lune
Je n´en connais aucune
Mais je peux bien rêver
Les avoir rencontrées
Au détour d´une dune,
À l´épaule, chacune,
Une cruche à porter
Remplie aux sources oubliées