Les petits joyeux
par Aristide Bruant
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C´est nous les p´tits marlous qu´on rencont´ su´ les buttes,
Là oùsque le pierrot au printemps fait son nid
Là oùsque, dans l´été nous faisons des culbutes,
Avec les p´tites marmites que l´bon Dieu nous fournit.
C´est nous les joyeux,
Les petits joyeux,
Les petits marlous qui n´ont pas froid aux yeux.
C´est nous qu´on voit passer avec des nœuds d´cravate,
Des bleus, des bancs, des rouges et des couleur cocu
Et si nos p´tites gonzesses traînent un peu la savate,
Nous avons des pantoufles pour leur-z-y fout´ dans l´cul.
C´est nous les joyeux,
Les petits joyeux,
Les petits marlous qui n´ont pas froid aux yeux.
Su´ l´boul´vard estérieur nous faisons not´ mariolle,
Et pis l´soir quand les rosses d´ bourgeois sont couchés,
Nous chauffons les morlingues aux bons passants en riolle,
Pendant qu´nos p´tites marmites vident les bourses des michés.
C´est nous les joyeux,
Les petits joyeux,
Les petits marlous qui n´ont pas froid aux yeux.
S´i´ veut ben s´laisser faire, on fait pas d´mal au pantre,
Mais quand i´ veut r´ssauter ou ben faire du potin,
On y fout gentiment un p´tit coup d´lingue dans l´ventre,
Pour y apprendre à gueuler à deux heures du matin.
C´est nous les joyeux,
Les petits joyeux,
Les petits marlous qui n´ont pas froid aux yeux.
Quand faut aller servir c´tte bon Dieu d´République
Où qu´tout l´monde est soldat, malgré son consent´ment,
On nous envoie grossir les bataillons d´Afrique,
A cause que les marlous aiment pas l´gouvernement.
C´est nous les joyeux,
Les petits joyeux,
Les petits marlous qui n´ont pas froid aux yeux.
Un coup qu´on est là-bas on fait l´peinard tout d´suite,
On fait pus d´rouspétance, on s´tient clos, on s´tient coi
Y en a même qui finissent par ach´ter eun´ conduite
Et qui d´viennent honnête homme sans trop savoir pourquoi.
C´est nous les joyeux,
Les petits joyeux,
Les petits marlous qui n´ont pas froid aux yeux.
Là oùsque le pierrot au printemps fait son nid
Là oùsque, dans l´été nous faisons des culbutes,
Avec les p´tites marmites que l´bon Dieu nous fournit.
C´est nous les joyeux,
Les petits joyeux,
Les petits marlous qui n´ont pas froid aux yeux.
C´est nous qu´on voit passer avec des nœuds d´cravate,
Des bleus, des bancs, des rouges et des couleur cocu
Et si nos p´tites gonzesses traînent un peu la savate,
Nous avons des pantoufles pour leur-z-y fout´ dans l´cul.
C´est nous les joyeux,
Les petits joyeux,
Les petits marlous qui n´ont pas froid aux yeux.
Su´ l´boul´vard estérieur nous faisons not´ mariolle,
Et pis l´soir quand les rosses d´ bourgeois sont couchés,
Nous chauffons les morlingues aux bons passants en riolle,
Pendant qu´nos p´tites marmites vident les bourses des michés.
C´est nous les joyeux,
Les petits joyeux,
Les petits marlous qui n´ont pas froid aux yeux.
S´i´ veut ben s´laisser faire, on fait pas d´mal au pantre,
Mais quand i´ veut r´ssauter ou ben faire du potin,
On y fout gentiment un p´tit coup d´lingue dans l´ventre,
Pour y apprendre à gueuler à deux heures du matin.
C´est nous les joyeux,
Les petits joyeux,
Les petits marlous qui n´ont pas froid aux yeux.
Quand faut aller servir c´tte bon Dieu d´République
Où qu´tout l´monde est soldat, malgré son consent´ment,
On nous envoie grossir les bataillons d´Afrique,
A cause que les marlous aiment pas l´gouvernement.
C´est nous les joyeux,
Les petits joyeux,
Les petits marlous qui n´ont pas froid aux yeux.
Un coup qu´on est là-bas on fait l´peinard tout d´suite,
On fait pus d´rouspétance, on s´tient clos, on s´tient coi
Y en a même qui finissent par ach´ter eun´ conduite
Et qui d´viennent honnête homme sans trop savoir pourquoi.
C´est nous les joyeux,
Les petits joyeux,
Les petits marlous qui n´ont pas froid aux yeux.