La corde
par Céline Caussimon
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On dit que l´Homme a inventé la roue
Et que le monde changea du tout au tout
Mais n´est-ce pas le début du désordre,
La première fois qu´il tressa une corde?
Comme le serpent, je suis enroulée
J´ai même honte et même opprobre
Et pour ma peine, je dois ramper
Je suis la corde
J´étais le chanvre ou bien j´étais le lin
On m´a fauchée, sechée, tordue si bien
J´ai oublié que j´aimais le soleil
J´ai plus de cœur et je suis éternelle
Aux enclos des propriétés
Aux frontières qui font la discorde
Celle qui se tend avec fierté
C´est moi, la corde
C´est moi qui suis aux portes des abattoirs
A ces endroits que l´on ne veut pas voir
J´étrangle l´homme comme j´étrangle les bêtes
Quand les uns gagnent, les autres se soumettent
J´attache les mains des prisonniers
Et je garde les chiens prêts à mordre
Les pauvres chiens qu´on voit tirer
Au bout des cordes
J´ai ramené à bon port les voiliers
Tendu les voiles des navires négriers
Et les filets dérivants, maille à maille
Il n´est d´endroit où je fais mon travail
Je glisse toujours du bon côté
Aussi stupide que les hordes
Moi, je n´ai pas à décider
Je suis la corde
Trouvez le fil, je vous dis en partant
Le fil fragile qui vous sauvera pourtant
Trouvez le fil et faites des dentelles,
Maisons de toile et non des citadelles
Fil de raison pour vous sauver
De ces discours que l´on absorbe
Et des mensonges bien ficelés
Par moi, la corde
Moi, je repars pour entraver
Toujours brutale, toujours aux ordres
Mais pour l´humaine fragilité
Miséricorde!
Et que le monde changea du tout au tout
Mais n´est-ce pas le début du désordre,
La première fois qu´il tressa une corde?
Comme le serpent, je suis enroulée
J´ai même honte et même opprobre
Et pour ma peine, je dois ramper
Je suis la corde
J´étais le chanvre ou bien j´étais le lin
On m´a fauchée, sechée, tordue si bien
J´ai oublié que j´aimais le soleil
J´ai plus de cœur et je suis éternelle
Aux enclos des propriétés
Aux frontières qui font la discorde
Celle qui se tend avec fierté
C´est moi, la corde
C´est moi qui suis aux portes des abattoirs
A ces endroits que l´on ne veut pas voir
J´étrangle l´homme comme j´étrangle les bêtes
Quand les uns gagnent, les autres se soumettent
J´attache les mains des prisonniers
Et je garde les chiens prêts à mordre
Les pauvres chiens qu´on voit tirer
Au bout des cordes
J´ai ramené à bon port les voiliers
Tendu les voiles des navires négriers
Et les filets dérivants, maille à maille
Il n´est d´endroit où je fais mon travail
Je glisse toujours du bon côté
Aussi stupide que les hordes
Moi, je n´ai pas à décider
Je suis la corde
Trouvez le fil, je vous dis en partant
Le fil fragile qui vous sauvera pourtant
Trouvez le fil et faites des dentelles,
Maisons de toile et non des citadelles
Fil de raison pour vous sauver
De ces discours que l´on absorbe
Et des mensonges bien ficelés
Par moi, la corde
Moi, je repars pour entraver
Toujours brutale, toujours aux ordres
Mais pour l´humaine fragilité
Miséricorde!