Les hiboux
par Édith Piaf
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Il y en a qui viennent au monde veinards.
D´autres, au contraire, toute leur vie sont bignards.
Mon père était, pairaît-il, un baron.
Ma mère était boniche dans sa maison.
L´patron lui ayant fait du boniment
Et, de plus, lui ayant fait un enfant,
Ma pauv´baronne, par la patronne,
Fut balancée en vitesse, et comment!
Pour me nourrir ma mère devint catin
Et moi, depuis, j´suis d´venu un vaurien.
C´est nous qui sommes les hiboux.
Les apaches, les voyous,
Ils en foutent pas un coup.
Dans le jour, nous planquons nos mirettes,
Mais le soir nous sortons nos casquettes.
Nos femmes triment sur l´Sébasto
Pendant qu´nous, chez l´bistrot, dans un coin, bien au chaud,
On fait sa p´tite belote avec des mecs comme nous,
Des coquins, des apaches, des hiboux.
Faut pas s´tromper : nous ne sommes pas bons à tout.
On est des poisses, des copards, et c´est tout.
On n´nous rencontre jamais sur les boulevards,
Seulement le soir, pour chasser leur cafard.
Les gens rupins et blasés, les vicieux,
Avec leurs poules qui nous font les doux yeux,
Viennent dans nos bouges boire du vin rouge
Et en dansant, elles nous appellent... Oh mon Dieu!...
On sent leur chaleur qui frémit dans nos bras,
Alors on serre en leur disant tout bas :
C´est nous qui sommes les hiboux.
Les apaches, les voyous,
Ils en foutent pas un coup.
Dans le jour, nous planquons nos mirettes,
Mais le soir nous sortons nos casquettes.
Nos femmes triment sur l´Sébasto
Pendant qu´nous, chez l´bistrot, dans un coin, bien au chaud,
On fait sa p´tite belote avec des mecs comme nous,
Des coquins, des apaches, des hiboux.
Y´en a qui croient être des hommes affranchis.
Aha! Y m´font marrer avec tous leurs chichis.
Nous, on sait bien que ça finira au grand air,
Le cou serré dans l´truc à m´sieur Débler,
A moins qu´un soir, un mahoutin, un costaud,
Nous r´file un coup d´son surin dans la peau.
Ça finit vite, sans eau bénite.
Nos héritiers qui touchent tous des bigorneaux,
Nous les toquards on claque dans un sale coup.
Oh! Que ce soit là ou ailleurs, on s´en fout!...
C´est nous qui sommes les hiboux.
Les apaches, les voyous,
Il en coûte pas un coup.
Dans le jour, nous planquons nos mirettes,
Mais, le soir, nous sortons nos casquettes.
Ecoutez ça, vous les rupins :
Gare à moi, le coquin, quand chacun fera son chemin.
Si mon père n´avait pas agi comme un voyou,
Moi aussi, j´s´rais p´t´être un homme comme vous...
D´autres, au contraire, toute leur vie sont bignards.
Mon père était, pairaît-il, un baron.
Ma mère était boniche dans sa maison.
L´patron lui ayant fait du boniment
Et, de plus, lui ayant fait un enfant,
Ma pauv´baronne, par la patronne,
Fut balancée en vitesse, et comment!
Pour me nourrir ma mère devint catin
Et moi, depuis, j´suis d´venu un vaurien.
C´est nous qui sommes les hiboux.
Les apaches, les voyous,
Ils en foutent pas un coup.
Dans le jour, nous planquons nos mirettes,
Mais le soir nous sortons nos casquettes.
Nos femmes triment sur l´Sébasto
Pendant qu´nous, chez l´bistrot, dans un coin, bien au chaud,
On fait sa p´tite belote avec des mecs comme nous,
Des coquins, des apaches, des hiboux.
Faut pas s´tromper : nous ne sommes pas bons à tout.
On est des poisses, des copards, et c´est tout.
On n´nous rencontre jamais sur les boulevards,
Seulement le soir, pour chasser leur cafard.
Les gens rupins et blasés, les vicieux,
Avec leurs poules qui nous font les doux yeux,
Viennent dans nos bouges boire du vin rouge
Et en dansant, elles nous appellent... Oh mon Dieu!...
On sent leur chaleur qui frémit dans nos bras,
Alors on serre en leur disant tout bas :
C´est nous qui sommes les hiboux.
Les apaches, les voyous,
Ils en foutent pas un coup.
Dans le jour, nous planquons nos mirettes,
Mais le soir nous sortons nos casquettes.
Nos femmes triment sur l´Sébasto
Pendant qu´nous, chez l´bistrot, dans un coin, bien au chaud,
On fait sa p´tite belote avec des mecs comme nous,
Des coquins, des apaches, des hiboux.
Y´en a qui croient être des hommes affranchis.
Aha! Y m´font marrer avec tous leurs chichis.
Nous, on sait bien que ça finira au grand air,
Le cou serré dans l´truc à m´sieur Débler,
A moins qu´un soir, un mahoutin, un costaud,
Nous r´file un coup d´son surin dans la peau.
Ça finit vite, sans eau bénite.
Nos héritiers qui touchent tous des bigorneaux,
Nous les toquards on claque dans un sale coup.
Oh! Que ce soit là ou ailleurs, on s´en fout!...
C´est nous qui sommes les hiboux.
Les apaches, les voyous,
Il en coûte pas un coup.
Dans le jour, nous planquons nos mirettes,
Mais, le soir, nous sortons nos casquettes.
Ecoutez ça, vous les rupins :
Gare à moi, le coquin, quand chacun fera son chemin.
Si mon père n´avait pas agi comme un voyou,
Moi aussi, j´s´rais p´t´être un homme comme vous...