La drave
par Félix Leclerc
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Ça commence au fond du lac Brûlé,
Alentour du huit ou dix de mai.
La mort à longues manches,
Vêtue d´écume blanche,
Fait rouler le billot
Pour que tombe Sylvio.
Elle lui lance des perles,
Des morceaux d´arc-en-ciel
Pour lui crever les yeux
Et le briser en deux.
Sylvio danse et se déhanche
Comme les dimanches, les soirs de chance,
Remous qui hurlent, planchers qui roulent,
Parfums qui saoûlent, reste debout.
Thauvette, Sylvio Morin, Éphé, les deux Mainguy,
Sweeny, l´ gros Quévillon, Vincent, l´ père Cousineau,
Morel et Ladouceur, Albert Lebrun aussi,
Dupras et puis Larocque, Lefebvre et Charbonneau,
Tous plus Ed MacMillan, MacPherson et Séguin,
Malouin, Aurèle Brière, Tourmaline et Niclaisse,
Trois pouces et puis Morel et puis Camille Rivard,
Filibien et le cook qu´on ne voit pas ici.
On creuse un trou à la bonne place.
On met le joujou dessous la glace.
Jambes à son cou, on débarrasse.
Face en grimaces, c´est l´ sauvez-vous.
Car y faut pas être là quand ça part :
Ça vous tue, ça vous couche, ça vous mord,
Ça vous traverse un gars d´ bord en bord.
Ça s´amuse à crever le plus fort, d´abord.
Bêtes des bois ne bougent pas.
Le vent aussi, reste tapi.
Même la montagne, haut dans l´azur,
Met un nuage d´vant sa figure
Car y faut pas être là quand ça part :
Ça vous tue, ça vous couche, ça vous mord,
Ça vous traverse un gars d´ bord en bord.
Ça s´amuse à crever le plus fort, d´abord.
Et tout est calme, jusqu´à demain matin.
Dans sa tête y a des billots qui flottent
Qu´ il échang´rait contre un air de guitare.
Melançon s´est noyé par ici.
Il faudrait pas qu´ ça r´commence.
Debout sur les rivières,
Quatre-vingts hommes à guider.
Dans sa tête y a des billots qui flottent
Qu´ il échang´rait contre un air de guitare.
Pour arriver au moulin,
Au moulin de Buckingham,
Y faut débloquer la jam
Qui se r´bloque un peu plus loin.
Coups de hache et coups de pied,
Dynamite et chaînes cassées,
Sur le front, la pluie glacée,
Pas d´ nouvelles d´ la fiancée.
Les heures sont longues,
Les eaux profondes.
Dans d´autres mondes,
Les femmes blondes.
Oh! La gaffe, le godendard,
Les rapides et les crobarres.
Si on veut être là à temps
En même temps que le printemps.
Y aura d´ la musique à plein,
Des voisins et puis du pain,
De la bière et des matins
Installés dans le jardin.
Des billots pour le papier,
Des billots pour le carton,
Des billots pour se chauffer,
Des billots pour les maisons.
Pas d´ billots, pas d´écrivains,
Pas de livr´s comme de raison.
Ça s´rait peut être aussi ben
Mais peut être aussi que non.
Dans sa tête, y a plus d´ billots qui flottent
Et sa femme au village qui tricote.
Sylvio danse et se déhanche
Comme les dimanches, les soirs de chance
Remous qui hurlent, planchers qui roulent,
Parfums qui saoulent, reste debout,
Reste debout.
Alentour du huit ou dix de mai.
La mort à longues manches,
Vêtue d´écume blanche,
Fait rouler le billot
Pour que tombe Sylvio.
Elle lui lance des perles,
Des morceaux d´arc-en-ciel
Pour lui crever les yeux
Et le briser en deux.
Sylvio danse et se déhanche
Comme les dimanches, les soirs de chance,
Remous qui hurlent, planchers qui roulent,
Parfums qui saoûlent, reste debout.
Thauvette, Sylvio Morin, Éphé, les deux Mainguy,
Sweeny, l´ gros Quévillon, Vincent, l´ père Cousineau,
Morel et Ladouceur, Albert Lebrun aussi,
Dupras et puis Larocque, Lefebvre et Charbonneau,
Tous plus Ed MacMillan, MacPherson et Séguin,
Malouin, Aurèle Brière, Tourmaline et Niclaisse,
Trois pouces et puis Morel et puis Camille Rivard,
Filibien et le cook qu´on ne voit pas ici.
On creuse un trou à la bonne place.
On met le joujou dessous la glace.
Jambes à son cou, on débarrasse.
Face en grimaces, c´est l´ sauvez-vous.
Car y faut pas être là quand ça part :
Ça vous tue, ça vous couche, ça vous mord,
Ça vous traverse un gars d´ bord en bord.
Ça s´amuse à crever le plus fort, d´abord.
Bêtes des bois ne bougent pas.
Le vent aussi, reste tapi.
Même la montagne, haut dans l´azur,
Met un nuage d´vant sa figure
Car y faut pas être là quand ça part :
Ça vous tue, ça vous couche, ça vous mord,
Ça vous traverse un gars d´ bord en bord.
Ça s´amuse à crever le plus fort, d´abord.
Et tout est calme, jusqu´à demain matin.
Dans sa tête y a des billots qui flottent
Qu´ il échang´rait contre un air de guitare.
Melançon s´est noyé par ici.
Il faudrait pas qu´ ça r´commence.
Debout sur les rivières,
Quatre-vingts hommes à guider.
Dans sa tête y a des billots qui flottent
Qu´ il échang´rait contre un air de guitare.
Pour arriver au moulin,
Au moulin de Buckingham,
Y faut débloquer la jam
Qui se r´bloque un peu plus loin.
Coups de hache et coups de pied,
Dynamite et chaînes cassées,
Sur le front, la pluie glacée,
Pas d´ nouvelles d´ la fiancée.
Les heures sont longues,
Les eaux profondes.
Dans d´autres mondes,
Les femmes blondes.
Oh! La gaffe, le godendard,
Les rapides et les crobarres.
Si on veut être là à temps
En même temps que le printemps.
Y aura d´ la musique à plein,
Des voisins et puis du pain,
De la bière et des matins
Installés dans le jardin.
Des billots pour le papier,
Des billots pour le carton,
Des billots pour se chauffer,
Des billots pour les maisons.
Pas d´ billots, pas d´écrivains,
Pas de livr´s comme de raison.
Ça s´rait peut être aussi ben
Mais peut être aussi que non.
Dans sa tête, y a plus d´ billots qui flottent
Et sa femme au village qui tricote.
Sylvio danse et se déhanche
Comme les dimanches, les soirs de chance
Remous qui hurlent, planchers qui roulent,
Parfums qui saoulent, reste debout,
Reste debout.