Et l´on se souvient d´un homme
Comme on se rappelle la date
De son anniversaire
Et l´on tremble comme une enfant
Qui souffle sur ses huit ans

Et l´on se souvient d´un homme
Ou plutôt du nœud de cravate
Qu´il n´a jamais su faire
Et que l´on nouait surtout
Pour se pendre à son cou

Moi, je me souviens de lui
Comme on se rappelle un poème
Plus je le hais et plus je l´aime
Et s´il m´oublie aujourd´hui
Dans ses mots et dans ses gestes
Il y a des choses qui restent
Comment voulez-vous que j´oublie?

Et l´on se souvient d´un homme
Ou seulement d´une place vide
Dans un lit bien plus grand
Que la Chine et la Russie
Si elles étaient réunies

Et l´on se souvient d´un homme
Comme du cri d´un loup qu´on égorge
Un soir où toutes les femmes
S´endorment avec elles-mêmes
Dans le lit de l´homme qu´elles aiment