La canaille
par Francesca Solleville
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Dans la vieille cité française
Existe une race de fer
Dont l´âme comme une fournaise
A de son feu bronzé la chair.
Tous ses fils naissent sur la paille,
Pour palais ils n´ont qu´un taudis,
C´est la canaille, eh bien j´en suis.
Ce n´est pas le pilier de bagne,
C´est l´honnête homme dont la main
Par la plume ou le marteau gagne
En suant son morceau de pain.
C´est le père enfin qui travaille
Les jours et quelquefois les nuits,
C´est la canaille, eh bien j´en suis.
C´est l´artiste, c´est le bohème
Qui sans souffler rime rêveur,
Un sonnet à celle qu´il aime
Trompant l´estomac par le cœur.
C´est à crédit qu´il fait ripaille,
Qu´il loge et qu´il a des habits,
C´est la canaille, eh bien j´en suis.
C´est l´homme à la face terreuse,
Au corps maigre, à l´œil de hibou,
Au bras de fer, à main nerveuse,
Qui sortant d´on ne sait pas où,
Toujours avec esprit vous raille
Se riant de votre mépris,
C´est la canaille, eh bien j´en suis.
C´est l´enfant que la destinée
Force à rejeter ses haillons
Quand sonne sa vingtième année,
Pour entrer dans nos bataillons.
Chair à canon de la bataille,
Toujours il succombe sans cri,
C´est la canaille, eh bien j´en suis.
Ils fredonnaient la Marseillaise,
Nos pères, les vieux vagabonds,
Attaquant en quatre-vingt-treize
Les bastilles dont les canons
Défendaient la muraille
Que de trembleurs ont dit depuis
"C´est la canaille, eh bien j´en suis"
Les uns travaillent par la plume,
Le front dégarni de cheveux,
Les autres martèlent l´enclume
Et se saoûlent pour être heureux
Car la misère en sa tenaille
Fait saigner leurs flancs amaigris,
C´est la canaille, eh bien j´en suis.
Enfin c´est une armée immense
Vêtue en haillons, en sabots
Mais qu´aujourd´hui la vieille France
Les appelle sous ses drapeaux
On les verra dans la mitraille,
Ils feront dire aux ennemis
"C´est la canaille, eh bien j´en suis".
Existe une race de fer
Dont l´âme comme une fournaise
A de son feu bronzé la chair.
Tous ses fils naissent sur la paille,
Pour palais ils n´ont qu´un taudis,
C´est la canaille, eh bien j´en suis.
Ce n´est pas le pilier de bagne,
C´est l´honnête homme dont la main
Par la plume ou le marteau gagne
En suant son morceau de pain.
C´est le père enfin qui travaille
Les jours et quelquefois les nuits,
C´est la canaille, eh bien j´en suis.
C´est l´artiste, c´est le bohème
Qui sans souffler rime rêveur,
Un sonnet à celle qu´il aime
Trompant l´estomac par le cœur.
C´est à crédit qu´il fait ripaille,
Qu´il loge et qu´il a des habits,
C´est la canaille, eh bien j´en suis.
C´est l´homme à la face terreuse,
Au corps maigre, à l´œil de hibou,
Au bras de fer, à main nerveuse,
Qui sortant d´on ne sait pas où,
Toujours avec esprit vous raille
Se riant de votre mépris,
C´est la canaille, eh bien j´en suis.
C´est l´enfant que la destinée
Force à rejeter ses haillons
Quand sonne sa vingtième année,
Pour entrer dans nos bataillons.
Chair à canon de la bataille,
Toujours il succombe sans cri,
C´est la canaille, eh bien j´en suis.
Ils fredonnaient la Marseillaise,
Nos pères, les vieux vagabonds,
Attaquant en quatre-vingt-treize
Les bastilles dont les canons
Défendaient la muraille
Que de trembleurs ont dit depuis
"C´est la canaille, eh bien j´en suis"
Les uns travaillent par la plume,
Le front dégarni de cheveux,
Les autres martèlent l´enclume
Et se saoûlent pour être heureux
Car la misère en sa tenaille
Fait saigner leurs flancs amaigris,
C´est la canaille, eh bien j´en suis.
Enfin c´est une armée immense
Vêtue en haillons, en sabots
Mais qu´aujourd´hui la vieille France
Les appelle sous ses drapeaux
On les verra dans la mitraille,
Ils feront dire aux ennemis
"C´est la canaille, eh bien j´en suis".