La légion d'honneur
par Georges Brassens
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Tous les Brummel, les dandys, les gandins,
Il les considérait avec dédain
Faisant peu cas de l´élégance il s´ha-
Billait toujours au décrochez-moi-ça.
Au combat, pour s´en servir de liquette,
Sous un déluge d´obus, de roquettes,
Il conquit un oriflamme teuton.
Cet acte lui valut le grand cordon.
Mais il perdit le privilège de
S´aller vêtir à la six-quatre-deux,
Car ça la fout mal saperlipopette
D´avoir des faux plis, des trous à ses bas,
De mettre un ruban sur la salopette.
La légion d´honneur ça pardonne pas.
L´âme du bon feu maistre Jehan Cotart
Se réincarnait chez ce vieux fêtard.
Tenter de l´empêcher de boire un pot
C´était ni plus ni moins risquer sa peau.
Un soir d´intempérance, à son insu,
Il éteignit en pissotant dessus
Un simple commencement d´incendie.
On lui flanqua le mérite, pardi!
Depuis que n´est plus vierge son revers,
Il s´interdit de marcher de travers.
Car ça la fout mal d´ se rendre dans les vignes,
Dites du seigneur, faire des faux pas
Quand on est marqué du fatal insigne.
La légion d´honneur ça pardonne pas.
Grand peloteur de fesses convaincu,
Passé maître en l´art de la main au cul,
Son dada c´était que la femme eut le
Bas de son dos tout parsemé de bleus.
En vue de la palper d´un geste obscène,
Il a plongé pour sauver de la Seine
Une donzelle en train de se noyer,
Dame! aussi sec on vous l´a médaillé.
Ce petit hochet à la boutonnière
Vous le condamne à de bonnes manières.
Car ça la fout mal avec la rosette,
De tâter, flatter, des filles les appas
La louche au valseur; pas de ça Lisette!
La légion d´honneur ça pardonne pas.
Un brave auteur de chansons malotru
Avait une tendance à parler cru,
Bordel de dieu, con, pute, et caetera
Ornaient ses moindres tradéridéras.
Sa muse un soir d´un derrière distrait
Pondit, elle ne le fit pas exprès,
Une rengaine sans gros mots dedans,
On vous le chamarra tambour battant.
Et maintenant qu´il porte cette croix,
Proférer : "Merde", il n´en a plus le droit.
Car ça la fout mal de mettre à ses lèvres
De grand commandeur des termes trop bas,
D´ chanter l´ grand vicaire et les trois orfèvres.
La légion d´honneur ça pardonne pas.
Il les considérait avec dédain
Faisant peu cas de l´élégance il s´ha-
Billait toujours au décrochez-moi-ça.
Au combat, pour s´en servir de liquette,
Sous un déluge d´obus, de roquettes,
Il conquit un oriflamme teuton.
Cet acte lui valut le grand cordon.
Mais il perdit le privilège de
S´aller vêtir à la six-quatre-deux,
Car ça la fout mal saperlipopette
D´avoir des faux plis, des trous à ses bas,
De mettre un ruban sur la salopette.
La légion d´honneur ça pardonne pas.
L´âme du bon feu maistre Jehan Cotart
Se réincarnait chez ce vieux fêtard.
Tenter de l´empêcher de boire un pot
C´était ni plus ni moins risquer sa peau.
Un soir d´intempérance, à son insu,
Il éteignit en pissotant dessus
Un simple commencement d´incendie.
On lui flanqua le mérite, pardi!
Depuis que n´est plus vierge son revers,
Il s´interdit de marcher de travers.
Car ça la fout mal d´ se rendre dans les vignes,
Dites du seigneur, faire des faux pas
Quand on est marqué du fatal insigne.
La légion d´honneur ça pardonne pas.
Grand peloteur de fesses convaincu,
Passé maître en l´art de la main au cul,
Son dada c´était que la femme eut le
Bas de son dos tout parsemé de bleus.
En vue de la palper d´un geste obscène,
Il a plongé pour sauver de la Seine
Une donzelle en train de se noyer,
Dame! aussi sec on vous l´a médaillé.
Ce petit hochet à la boutonnière
Vous le condamne à de bonnes manières.
Car ça la fout mal avec la rosette,
De tâter, flatter, des filles les appas
La louche au valseur; pas de ça Lisette!
La légion d´honneur ça pardonne pas.
Un brave auteur de chansons malotru
Avait une tendance à parler cru,
Bordel de dieu, con, pute, et caetera
Ornaient ses moindres tradéridéras.
Sa muse un soir d´un derrière distrait
Pondit, elle ne le fit pas exprès,
Une rengaine sans gros mots dedans,
On vous le chamarra tambour battant.
Et maintenant qu´il porte cette croix,
Proférer : "Merde", il n´en a plus le droit.
Car ça la fout mal de mettre à ses lèvres
De grand commandeur des termes trop bas,
D´ chanter l´ grand vicaire et les trois orfèvres.
La légion d´honneur ça pardonne pas.