Fleur de seine
par Jack Lantier
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C´était une gosse de dix-huit ans
Venue au monde un soir de déveine,
La gosse n´avait plus de parents
Libre de son dimanche et d´sa semaine
Elle s´en allait d´un air fripon
De Billancourt à Bagatelle,
Le soir elle se couchait sous les ponts
Et la rivière, c´était chez elle
Elle avait un jupon plein d´trous
Elle fréquentait un tas d´voyous
Mais quand elle passait près de vous
Avec de grands yeux noirs et doux
Le jeune homme comme le patriarche
Désireux de l´attendre sous l´arche
Disait "C´est le printemps qui marche"
Elle était belle comme les amours
Elle avait un cœur de grisette
Mais vagabonder tous les jours
C´n´est pas facile de rester honnête,
Aussi se donna-t-elle sans peur
A Charlot, la terreur de la berge,
Qui lui prit la taille et le cœur
Dans les bosquets d´une vieille auberge
Elle avait un jupon plein d´trous
Elle fréquentait un tas d´ voyous
Mais quand elle passait près de vous
Avec de grands yeux noirs et doux;
Voyant sa frimousse aguichante
Comme un beau jour qui vous enchante;
On s´dit "C´est le printemps qui chante"
A force de passer des nuits
A regarder la lune argentine,
D´avoir des coups de ses ennemies,
Elle s´en alla de la poitrine,
Un soir elle se jeta dans l´eau,
Morte, elle était encore jolie
Elle a fait son dernier dodo
Dans le lit d´la Seine, son amie
On la plaça dans un grand trou
Sans croix, sans nom, comme un toutou
Là-bas, à Pantin, tout au bout
Par un matin de juin si doux,
Seul un rôdeur de rivière
L´ayant accompagnée au cimetière
Disait "C´est le printemps qu´on enterre".
Venue au monde un soir de déveine,
La gosse n´avait plus de parents
Libre de son dimanche et d´sa semaine
Elle s´en allait d´un air fripon
De Billancourt à Bagatelle,
Le soir elle se couchait sous les ponts
Et la rivière, c´était chez elle
Elle avait un jupon plein d´trous
Elle fréquentait un tas d´voyous
Mais quand elle passait près de vous
Avec de grands yeux noirs et doux
Le jeune homme comme le patriarche
Désireux de l´attendre sous l´arche
Disait "C´est le printemps qui marche"
Elle était belle comme les amours
Elle avait un cœur de grisette
Mais vagabonder tous les jours
C´n´est pas facile de rester honnête,
Aussi se donna-t-elle sans peur
A Charlot, la terreur de la berge,
Qui lui prit la taille et le cœur
Dans les bosquets d´une vieille auberge
Elle avait un jupon plein d´trous
Elle fréquentait un tas d´ voyous
Mais quand elle passait près de vous
Avec de grands yeux noirs et doux;
Voyant sa frimousse aguichante
Comme un beau jour qui vous enchante;
On s´dit "C´est le printemps qui chante"
A force de passer des nuits
A regarder la lune argentine,
D´avoir des coups de ses ennemies,
Elle s´en alla de la poitrine,
Un soir elle se jeta dans l´eau,
Morte, elle était encore jolie
Elle a fait son dernier dodo
Dans le lit d´la Seine, son amie
On la plaça dans un grand trou
Sans croix, sans nom, comme un toutou
Là-bas, à Pantin, tout au bout
Par un matin de juin si doux,
Seul un rôdeur de rivière
L´ayant accompagnée au cimetière
Disait "C´est le printemps qu´on enterre".