La tamise
par Jean-Michel Piton
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Voilà bientôt vingt ans que je me beaujolise
Dans tous les mauvais lieux ouverts après minuit
Je commence à pencher comme la tour de Pise
Je m´accoude au Pont-Neuf, la Seine va sans bruit
Et je dis au clochard "Tu vois, c´est la Tamise"
Alors on va s´asseoir, on fouille un peu ses poches
On parle d´Henri IV et d´un certain troquet
Qui reste ouvert la nuit et qui n´est pas trop moche
À cinq ou six cents mètres, par là, sur les quais
Et on a le cœur pur comme un cristal de roche
Le désir impérieux de raconter sa vie
Son service militaire, ses embarras d´argent
Son besoin d´amitié, la jeunesse partie
La connerie, surtout, de la plupart des gens
Le rouquin renversé et que la manche essuie
Alors on se relève, on longe les murailles
On s´en va jusqu´au Louvre et jusqu´à l´Opéra
On a la jambe molle et la voix qui s´éraille
On va retourner boire, lequel des deux paiera?
On a l´œil un peu vague et le sang qui se caille
À sept heures du matin, au métro Pyramides
Un loufiat mal luné met ses tables dehors
On dit n´importe quoi, j´ai les yeux tout humides
Mon copain de la nuit a l´air d´être ivre mort
Je le laisse tout seul achever son suicide
Voilà bientôt vingt ans, peut-être davantage
Que je fais le guignol à n´importe quel prix
Entre le délirium, la sagesse et la rage
Revenez donc me voir quand vous aurez compris
Et ne condamnez rien avant d´avoir mon âge {x2}
Dans tous les mauvais lieux ouverts après minuit
Je commence à pencher comme la tour de Pise
Je m´accoude au Pont-Neuf, la Seine va sans bruit
Et je dis au clochard "Tu vois, c´est la Tamise"
Alors on va s´asseoir, on fouille un peu ses poches
On parle d´Henri IV et d´un certain troquet
Qui reste ouvert la nuit et qui n´est pas trop moche
À cinq ou six cents mètres, par là, sur les quais
Et on a le cœur pur comme un cristal de roche
Le désir impérieux de raconter sa vie
Son service militaire, ses embarras d´argent
Son besoin d´amitié, la jeunesse partie
La connerie, surtout, de la plupart des gens
Le rouquin renversé et que la manche essuie
Alors on se relève, on longe les murailles
On s´en va jusqu´au Louvre et jusqu´à l´Opéra
On a la jambe molle et la voix qui s´éraille
On va retourner boire, lequel des deux paiera?
On a l´œil un peu vague et le sang qui se caille
À sept heures du matin, au métro Pyramides
Un loufiat mal luné met ses tables dehors
On dit n´importe quoi, j´ai les yeux tout humides
Mon copain de la nuit a l´air d´être ivre mort
Je le laisse tout seul achever son suicide
Voilà bientôt vingt ans, peut-être davantage
Que je fais le guignol à n´importe quel prix
Entre le délirium, la sagesse et la rage
Revenez donc me voir quand vous aurez compris
Et ne condamnez rien avant d´avoir mon âge {x2}