Une vache a mille francs
par Jean Poiret
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Au premier temps de la vache,
Toute seule dans son pré, elle est là,
Au premier temps de la vache,
Y a l´éleveur, y a la bête et y a moi,
Et ma faim qui bat la mesure,
La mesure de mon estomac,
Et ma faim qui bat la mesure,
Mesure aussi mes fins de mois.
Une vache à mille francs,
Comme ce serait charmant,
Comme ce serait charmant
Et beaucoup plus tentant
Qu´un´ vache à deux mille francs,
Une vache à mille francs.
Une vache à mille francs,
F´rait l´filet à cent francs,
L´rumsteck à soixante francs,
Le gîte à quarante francs,
L´aloyau à trente francs,
La culotte à vingt francs.
Un´ culotte à vingt francs,
F´rait la côte à quinze francs,
La poitrine à douze francs,
La bavette à dix francs,
Le collier à huit francs,
Le jarret à quatre francs.
Un jarret à quatre francs,
Ce s´rait intéressant
Et plus avantageux
Pour faire un pot-au-feu
Qu´un jarret à mille francs,
Un jarret à quatre francs…
Au deuxième temps de la vache,
C´est à peine si je l´aperçois,
Au deuxième temps de la vache,
Y a du monde entre la bête et moi.
Il y a l´tueur qui passe la mesure,
L´transporteur qui lui emboîte le pas,
Pendant qu´Fontanet nous assure
Que la viande de la vache ne monte pas.
Une vache à mille francs,
En quittant l´Morbihan,
Devient chemin faisant
Comme par enchant´ment
Un´ vache à cinq mille francs
En arrivant au Mans.
Un´ vache à cinq mille francs,
On ne sait pas comment,
Augment´ de vingt pour cent
En traversant Le Mans,
Et d´vient par conséquent
Un´ vache à six mille francs.
Un´ vache à six mille francs,
C´est bougrement tentant,
C´est bougrement tentant
Pour les gens d´Orléans
D´en faire innocemment
Un´ vache à dix mille francs.
Une vache à dix mille,
En sortant de la ville,
Pris´ dans un tourbillon
Devient à Arpajon
Par un calcul habile
Une vache à vingt mille,
Cent mille à Montlhéry,
Deux cents à Juvisy,
Trois cent mille à Orly,
Arrivant à Paris,
À la Port´ d´Italie
La vach´ n´a plus de prix.
La vache est aux Gobelins
Multipliée par vingt,
Par deux cent cinquante deux
Au carr´four Richelieu,
Et par huit cent dix sept
En sortant d´La Villette…
Au dernier temps de la vache,
En rôti, sur l´étal, elle est là,
Au dernier temps de la vache,
Y a un monde entre sa viande et moi.
Et l´Etat, qui prend des mesures,
L´Etat qui mesure notre émoi,
Et l´Etat qui prend des mesures,
Fait monter un peu plus chaque mois.
De la vache à cent francs,
On en mangeait autant,
Autant qu´on en voulait,
Et plus qu´il ne fallait,
À midi, au dîner,
Et dans l´café au lait.
D´la vache à cinq cent francs,
C´est déjà plus gênant,
Moi qu´en mange en moyenne
Dix kilos par semaine,
Pour avoir mon content
Je privais les enfants.
De la vache à mille francs,
De la vache à mille francs,
Il vaut mieux carrément
Se gaver d´ortolans,
Et s´offrir des homards
Tartinés de caviar.
D´la vache à deux mille francs,
Ça s´ra pour l´jour de l´an,
On la mangera truffée,
Sur un grand canapé,
On gardera l´foie gras
Pour les autr´s jours du mois.
D´la vache à cinq mille francs,
Ça d´viendra un placement,
Avec mes lingots d´or,
Dans mon grand coffre fort,
J´entass´rai les rumstecks
Et les coupons d´beefsteack.
D´la vache à cinq mille francs,
Ça d´vient décourageant,
C´est pas qu´on soit méchant,
Mais un beau jour, pourtant,
Il faudra bien qu´on sache
Qu´on n´peut plus suivr´ la vache!
Oh la vache! La sale vache …
Oh la vache nous rendra fous!
Oh la vache! La sale vache …
Oh la vache nous rendra fous!
Oh la vache! Oh la vache…
Toute seule dans son pré, elle est là,
Au premier temps de la vache,
Y a l´éleveur, y a la bête et y a moi,
Et ma faim qui bat la mesure,
La mesure de mon estomac,
Et ma faim qui bat la mesure,
Mesure aussi mes fins de mois.
Une vache à mille francs,
Comme ce serait charmant,
Comme ce serait charmant
Et beaucoup plus tentant
Qu´un´ vache à deux mille francs,
Une vache à mille francs.
Une vache à mille francs,
F´rait l´filet à cent francs,
L´rumsteck à soixante francs,
Le gîte à quarante francs,
L´aloyau à trente francs,
La culotte à vingt francs.
Un´ culotte à vingt francs,
F´rait la côte à quinze francs,
La poitrine à douze francs,
La bavette à dix francs,
Le collier à huit francs,
Le jarret à quatre francs.
Un jarret à quatre francs,
Ce s´rait intéressant
Et plus avantageux
Pour faire un pot-au-feu
Qu´un jarret à mille francs,
Un jarret à quatre francs…
Au deuxième temps de la vache,
C´est à peine si je l´aperçois,
Au deuxième temps de la vache,
Y a du monde entre la bête et moi.
Il y a l´tueur qui passe la mesure,
L´transporteur qui lui emboîte le pas,
Pendant qu´Fontanet nous assure
Que la viande de la vache ne monte pas.
Une vache à mille francs,
En quittant l´Morbihan,
Devient chemin faisant
Comme par enchant´ment
Un´ vache à cinq mille francs
En arrivant au Mans.
Un´ vache à cinq mille francs,
On ne sait pas comment,
Augment´ de vingt pour cent
En traversant Le Mans,
Et d´vient par conséquent
Un´ vache à six mille francs.
Un´ vache à six mille francs,
C´est bougrement tentant,
C´est bougrement tentant
Pour les gens d´Orléans
D´en faire innocemment
Un´ vache à dix mille francs.
Une vache à dix mille,
En sortant de la ville,
Pris´ dans un tourbillon
Devient à Arpajon
Par un calcul habile
Une vache à vingt mille,
Cent mille à Montlhéry,
Deux cents à Juvisy,
Trois cent mille à Orly,
Arrivant à Paris,
À la Port´ d´Italie
La vach´ n´a plus de prix.
La vache est aux Gobelins
Multipliée par vingt,
Par deux cent cinquante deux
Au carr´four Richelieu,
Et par huit cent dix sept
En sortant d´La Villette…
Au dernier temps de la vache,
En rôti, sur l´étal, elle est là,
Au dernier temps de la vache,
Y a un monde entre sa viande et moi.
Et l´Etat, qui prend des mesures,
L´Etat qui mesure notre émoi,
Et l´Etat qui prend des mesures,
Fait monter un peu plus chaque mois.
De la vache à cent francs,
On en mangeait autant,
Autant qu´on en voulait,
Et plus qu´il ne fallait,
À midi, au dîner,
Et dans l´café au lait.
D´la vache à cinq cent francs,
C´est déjà plus gênant,
Moi qu´en mange en moyenne
Dix kilos par semaine,
Pour avoir mon content
Je privais les enfants.
De la vache à mille francs,
De la vache à mille francs,
Il vaut mieux carrément
Se gaver d´ortolans,
Et s´offrir des homards
Tartinés de caviar.
D´la vache à deux mille francs,
Ça s´ra pour l´jour de l´an,
On la mangera truffée,
Sur un grand canapé,
On gardera l´foie gras
Pour les autr´s jours du mois.
D´la vache à cinq mille francs,
Ça d´viendra un placement,
Avec mes lingots d´or,
Dans mon grand coffre fort,
J´entass´rai les rumstecks
Et les coupons d´beefsteack.
D´la vache à cinq mille francs,
Ça d´vient décourageant,
C´est pas qu´on soit méchant,
Mais un beau jour, pourtant,
Il faudra bien qu´on sache
Qu´on n´peut plus suivr´ la vache!
Oh la vache! La sale vache …
Oh la vache nous rendra fous!
Oh la vache! La sale vache …
Oh la vache nous rendra fous!
Oh la vache! Oh la vache…