Marseille
par Léo Ferré
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Ô Marseille, on dirait que ta voix a changé
On dirait que la carte où partait l´Indochine
En se prenant pour toi dans le riz délavé
Te pleure avec du sang et puis l´âme marine
Ô Marseille, on dirait que la mer a pleuré
Tes mots qui dans la rue se prenaient par la taille
Et qui n´ont plus la même ardeur à se percher
Aux lèvres de tes gens que la tristesse empaille
Ô Marseille, on dirait que Notre Dame en fleurs
S´est penchée dans le port pour boire à ton eau verte
Qu´elle voyait briller comme brillent les pleurs
Aux yeux de tes marins que l´absinthe déserte
Ô Marseille, on dirait que le vent t´a vaincue
Dans la miséricorde où la vallée le traîne
Et que de ce mistral qui glace ta vertu
Il ne reste qu´un peu d´accent qui se promène
Ô Marseille, la vie portée sur ton dos
Tout ce Nord qui proteste en moquant la musique
Qui monte de ta gorge accrochée à tes mots
Les mêmes que là-haut dans les steppes plastiques
Ô Marseille, on dirait que flottent des drapeaux
Qu´une toile impudique a fauché dans des voiles
Et ces bateaux perdus qui croisent sous ta peau
Se souviennent de toi dans la gorge des squales
Ô Marseille, on dirait que les saisons se noient
Dans ton ciel portuaire où la lune s´affaire
À compter les bateaux qui lui parlent de toi
Jusqu´aux galions perdus qui se croient nucléaires
Ô Marseille, on dirait que le peuple et le roi
Ne savaient plus quoi dire et ne savaient que faire
Quand bouillait la colère et quatre-vingt neuf fois
Ils ont mis sur ton nom une chanson-misère
Ô Marseille, on dirait que Shakespeare a l´accent
Qu´il a quitté son Angleterre et ses manières
Qu´il t´apporte une rose et Juliette dedans
Avec des Roméo grimpant des Canebière
Ô Marseille, on dirait que le cœur te va bien
Comme te l´écrivait Guillaume Apollinaire
"Anges frais débarqués à Marseille hier matin"
On débarque toujours les amours passagères
Mais qu´importe ton ciel qui se prend pour l´Orient
Qu´importe ton parler avec ses mots épiques
Ces mots qui sortent faire un tour avec l´accent
Ces mots qui ne sortent pas de Polytechnique
Oui, mais quels mots, Marseille!
Quand tu y mets ta musique!
On dirait que la carte où partait l´Indochine
En se prenant pour toi dans le riz délavé
Te pleure avec du sang et puis l´âme marine
Ô Marseille, on dirait que la mer a pleuré
Tes mots qui dans la rue se prenaient par la taille
Et qui n´ont plus la même ardeur à se percher
Aux lèvres de tes gens que la tristesse empaille
Ô Marseille, on dirait que Notre Dame en fleurs
S´est penchée dans le port pour boire à ton eau verte
Qu´elle voyait briller comme brillent les pleurs
Aux yeux de tes marins que l´absinthe déserte
Ô Marseille, on dirait que le vent t´a vaincue
Dans la miséricorde où la vallée le traîne
Et que de ce mistral qui glace ta vertu
Il ne reste qu´un peu d´accent qui se promène
Ô Marseille, la vie portée sur ton dos
Tout ce Nord qui proteste en moquant la musique
Qui monte de ta gorge accrochée à tes mots
Les mêmes que là-haut dans les steppes plastiques
Ô Marseille, on dirait que flottent des drapeaux
Qu´une toile impudique a fauché dans des voiles
Et ces bateaux perdus qui croisent sous ta peau
Se souviennent de toi dans la gorge des squales
Ô Marseille, on dirait que les saisons se noient
Dans ton ciel portuaire où la lune s´affaire
À compter les bateaux qui lui parlent de toi
Jusqu´aux galions perdus qui se croient nucléaires
Ô Marseille, on dirait que le peuple et le roi
Ne savaient plus quoi dire et ne savaient que faire
Quand bouillait la colère et quatre-vingt neuf fois
Ils ont mis sur ton nom une chanson-misère
Ô Marseille, on dirait que Shakespeare a l´accent
Qu´il a quitté son Angleterre et ses manières
Qu´il t´apporte une rose et Juliette dedans
Avec des Roméo grimpant des Canebière
Ô Marseille, on dirait que le cœur te va bien
Comme te l´écrivait Guillaume Apollinaire
"Anges frais débarqués à Marseille hier matin"
On débarque toujours les amours passagères
Mais qu´importe ton ciel qui se prend pour l´Orient
Qu´importe ton parler avec ses mots épiques
Ces mots qui sortent faire un tour avec l´accent
Ces mots qui ne sortent pas de Polytechnique
Oui, mais quels mots, Marseille!
Quand tu y mets ta musique!