Anne
par Lynda Lemay
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Bonjour, j´ m´appelle Anne, j´ voulais juste vous écrire
Mais la main d´ la femme qui va t´nir le stylo
C´est celle de Joane, une personne que j´admire
Et qui va tenter d´ me traduire comme il faut
Voyez-vous, Joane, elle est pas d´ mon troupeau
Mais elle s´intéresse à ce qui s´ passe dans ma peau
J´ lui rappelle son frère qui a quitté plus tôt qu´ moi
Son corps de misère et sa chaise de combat
J´ vous vois qui toussez pour camoufler vos rires
Quand j´essaie d´ parler et qu´ je n´ sais que gémir
Quand la main qu´ j´ vous tends, elle veut pas m´obéir
Et que tristement, j´ la r´garde aller et v´nir
N´importe quel détail de la vie quotidienne
Qu´ ce soit l´ téléphone, les toilettes ou manger
C´est tellement d´ travail que ça vaut pas la peine
On finit par vivre entouré d´étrangers
Y en a qui sont là pour gagner leur salaire
Qui poussent nos chaises, nous habillent, nous nettoient
Par chance qu´y a Joane qui est gentille comme une mère
Qu´on dirait qu´elle m´aime et qu´elle est fière de moi
Elle verse quelques larmes quelquefois, à ma place
Quand y a une belle âme qui veut bien s´attarder
Qu´a l´air de comprendre que sous ma carapace
Y a des idées franches et un cœur à aimer
Comme vous, j´ai d´ l´humour, mais j´ l´exprime autrement
C´est juste que mes rires peuvent sonner comme des cris
J´ contrôle pas l´ volume de mes longs gémissements
Quand, au cinéma, je m´offre une comédie
Je vois toutes ces têtes devant moi qui s´ retournent
J´ voudrais disparaître mais je suis tellement là
Un chien dans l´ jeu d´ quilles, un humain qui aboie
C´ toujours à l´horreur que les comédies tournent
Comme vous, j´ suis émue d´vant un enfant qui pleure
Comme vous, j´ suis déçue quand j´écoute les nouvelles
J´ me lève soit de bonne ou de mauvaise humeur
J´ suis pas différente en dedans d´ ma cervelle
Mais puisque c´est "cérébrale" qu´on la nomme
Cette paralysie qui est ma tache de naissance
Les gens ne m´ traitent pas vraiment comme une personne
Y croient que j´ai mal à mon intelligence
Y m´ parlent comme on parle à un chat, à une bête
Un peu comme y font avec les vieux séniles
Ce qu´y comprennent pas, c´est que j´ai toute ma tête
Alors que mon corps se tord comme un débile
Des tas d´ gens oublient qu´y pourraient m´ trouver belle
Si j´étais capable de ret´nir mes grimaces
Alors j´ m´interdis d´ rêver à grande échelle
J´ai que des p´tits souhaits étouffés par mes spasmes
Eh oui, j´ m´appelle Anne, j´ voulais juste vous écrire
Merci à Joane d´avoir lu mes pensées
Et d´avoir pour moi bien voulu les r´transcrire
Pour que j´ puisse enfin à vous tous me confier
Bien sûr, j´ m´attends pas à ce que cette petite lettre
Ne trouve de réponse, à l´exception, peut-être,
De quelques regards qui me perceront mieux
Un petit espoir d´être belle à vos yeux
Des tas d´ gens oublient qu´y pourraient m´ trouver belle
Y font des détours, ils ont peur de ma gueule
Des tas d´ gens oublient, alors moi, j´ vous l´ rappelle
Je suis là, j´existe! Ne m´ laissez pas toute seule!
Mais la main d´ la femme qui va t´nir le stylo
C´est celle de Joane, une personne que j´admire
Et qui va tenter d´ me traduire comme il faut
Voyez-vous, Joane, elle est pas d´ mon troupeau
Mais elle s´intéresse à ce qui s´ passe dans ma peau
J´ lui rappelle son frère qui a quitté plus tôt qu´ moi
Son corps de misère et sa chaise de combat
J´ vous vois qui toussez pour camoufler vos rires
Quand j´essaie d´ parler et qu´ je n´ sais que gémir
Quand la main qu´ j´ vous tends, elle veut pas m´obéir
Et que tristement, j´ la r´garde aller et v´nir
N´importe quel détail de la vie quotidienne
Qu´ ce soit l´ téléphone, les toilettes ou manger
C´est tellement d´ travail que ça vaut pas la peine
On finit par vivre entouré d´étrangers
Y en a qui sont là pour gagner leur salaire
Qui poussent nos chaises, nous habillent, nous nettoient
Par chance qu´y a Joane qui est gentille comme une mère
Qu´on dirait qu´elle m´aime et qu´elle est fière de moi
Elle verse quelques larmes quelquefois, à ma place
Quand y a une belle âme qui veut bien s´attarder
Qu´a l´air de comprendre que sous ma carapace
Y a des idées franches et un cœur à aimer
Comme vous, j´ai d´ l´humour, mais j´ l´exprime autrement
C´est juste que mes rires peuvent sonner comme des cris
J´ contrôle pas l´ volume de mes longs gémissements
Quand, au cinéma, je m´offre une comédie
Je vois toutes ces têtes devant moi qui s´ retournent
J´ voudrais disparaître mais je suis tellement là
Un chien dans l´ jeu d´ quilles, un humain qui aboie
C´ toujours à l´horreur que les comédies tournent
Comme vous, j´ suis émue d´vant un enfant qui pleure
Comme vous, j´ suis déçue quand j´écoute les nouvelles
J´ me lève soit de bonne ou de mauvaise humeur
J´ suis pas différente en dedans d´ ma cervelle
Mais puisque c´est "cérébrale" qu´on la nomme
Cette paralysie qui est ma tache de naissance
Les gens ne m´ traitent pas vraiment comme une personne
Y croient que j´ai mal à mon intelligence
Y m´ parlent comme on parle à un chat, à une bête
Un peu comme y font avec les vieux séniles
Ce qu´y comprennent pas, c´est que j´ai toute ma tête
Alors que mon corps se tord comme un débile
Des tas d´ gens oublient qu´y pourraient m´ trouver belle
Si j´étais capable de ret´nir mes grimaces
Alors j´ m´interdis d´ rêver à grande échelle
J´ai que des p´tits souhaits étouffés par mes spasmes
Eh oui, j´ m´appelle Anne, j´ voulais juste vous écrire
Merci à Joane d´avoir lu mes pensées
Et d´avoir pour moi bien voulu les r´transcrire
Pour que j´ puisse enfin à vous tous me confier
Bien sûr, j´ m´attends pas à ce que cette petite lettre
Ne trouve de réponse, à l´exception, peut-être,
De quelques regards qui me perceront mieux
Un petit espoir d´être belle à vos yeux
Des tas d´ gens oublient qu´y pourraient m´ trouver belle
Y font des détours, ils ont peur de ma gueule
Des tas d´ gens oublient, alors moi, j´ vous l´ rappelle
Je suis là, j´existe! Ne m´ laissez pas toute seule!