Le funeste collier
par Lynda Lemay
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Je t´ai donné le jour, le premier d´une série
Qu´on parsème de nuits, qu´on appelle la vie
Je t´ai donné du temps, entrecoupé d´absences
T´attendais mes retours, tu me faisais confiance
Je t´ai tendu le sein pour que tu t´y abreuves
Je t´ai tendu la main pour mieux que tu te meuves
Et les jours de sanglots, de météo mauvaise
Je t´ai fait des cadeaux afin que tu te taises
Je t´ai fait des gâteaux et perché sur ta chaise
Tu m´as fais des bravos
T´étais même pas tombé, que j´te remettais sur les rails
Je t´ai toujours mâché ce qu´y aurait eu de travail
Je t´ai laissé gagner à tes p´tits jeux d´enfants
Je t´ai pas laissé glisser jusqu´en bas des serpents
Je t´ai donné des ronds pour que tes doigts les glissent
Dans ces distributrices de babioles à la con
Je t´ai prêté ma carte, je t´ai donné mon code
T´as grandi dans la ouate, t´as suivi toutes les modes
Je t´ai donné la vie, je t´ai roulé dans l´or
Et j´ai même pas compris qu´tu te sois donné la mort
Je t´ai donné la vie, une vie si facile
Qu´à défaut de défis, t´es devenu fragile
J´t´ai pas vu t´enfoncer dans ton grand nuage noir
J´étais trop occupée à ne pas te laisser pleuvoir
T´es parti en me léguant ton affreux mal de vivre
T´es parti en me donnant comme une envie d´te suivre
Mais si y a réellement une vie après la mort
J´irai pas, mon enfant, te la pourrir encore
Alors je vais te regretter, jusqu´au bout mon trésor
Et je vais respecter qu´tu te sois donné la mort
Je t´ai donné tant de poussées, que t´as été capable
Tout seul de te balancer au bout de ce maudit câble
J´ai crié ton prénom mais il était trop tard
Je t´ai trouvé blafard, accroché au plafond
Je t´ai serré contre moi, je t´ai demandé pardon
Tu m´as pas donné l´choix et j´ai coupé le cordon
Je me souviens qu´enceinte, j´étais morte de crainte
Qu´il se prenne et se noue autour de ton frêle cou
Ce cordon qui nous a lié bien après ta naissance
Ce funeste collier de ta trop longue adolescence
Je t´ai donné la vie, je t´ai roulé dans l´or
Je t´ai donné l´envie de te donner la mort
Mais de ton paradis peux-tu m´aider, mon ange?
À vaincre les non-dits, à faire que le monde change,
À faire que la croix que j´vais planter dans l´champ
Fasse pousser de la joie dans le coeur des enfants,
Ces cadets, ces louv´teaux qui veulent quitter le camp
Dès qui manient l´couteau et font des noeuds coulants
Qui n´ont plus comme projets que d´échanger leur or
Pour s´acheter un billet, destination : la mort!
Qu´on parsème de nuits, qu´on appelle la vie
Je t´ai donné du temps, entrecoupé d´absences
T´attendais mes retours, tu me faisais confiance
Je t´ai tendu le sein pour que tu t´y abreuves
Je t´ai tendu la main pour mieux que tu te meuves
Et les jours de sanglots, de météo mauvaise
Je t´ai fait des cadeaux afin que tu te taises
Je t´ai fait des gâteaux et perché sur ta chaise
Tu m´as fais des bravos
T´étais même pas tombé, que j´te remettais sur les rails
Je t´ai toujours mâché ce qu´y aurait eu de travail
Je t´ai laissé gagner à tes p´tits jeux d´enfants
Je t´ai pas laissé glisser jusqu´en bas des serpents
Je t´ai donné des ronds pour que tes doigts les glissent
Dans ces distributrices de babioles à la con
Je t´ai prêté ma carte, je t´ai donné mon code
T´as grandi dans la ouate, t´as suivi toutes les modes
Je t´ai donné la vie, je t´ai roulé dans l´or
Et j´ai même pas compris qu´tu te sois donné la mort
Je t´ai donné la vie, une vie si facile
Qu´à défaut de défis, t´es devenu fragile
J´t´ai pas vu t´enfoncer dans ton grand nuage noir
J´étais trop occupée à ne pas te laisser pleuvoir
T´es parti en me léguant ton affreux mal de vivre
T´es parti en me donnant comme une envie d´te suivre
Mais si y a réellement une vie après la mort
J´irai pas, mon enfant, te la pourrir encore
Alors je vais te regretter, jusqu´au bout mon trésor
Et je vais respecter qu´tu te sois donné la mort
Je t´ai donné tant de poussées, que t´as été capable
Tout seul de te balancer au bout de ce maudit câble
J´ai crié ton prénom mais il était trop tard
Je t´ai trouvé blafard, accroché au plafond
Je t´ai serré contre moi, je t´ai demandé pardon
Tu m´as pas donné l´choix et j´ai coupé le cordon
Je me souviens qu´enceinte, j´étais morte de crainte
Qu´il se prenne et se noue autour de ton frêle cou
Ce cordon qui nous a lié bien après ta naissance
Ce funeste collier de ta trop longue adolescence
Je t´ai donné la vie, je t´ai roulé dans l´or
Je t´ai donné l´envie de te donner la mort
Mais de ton paradis peux-tu m´aider, mon ange?
À vaincre les non-dits, à faire que le monde change,
À faire que la croix que j´vais planter dans l´champ
Fasse pousser de la joie dans le coeur des enfants,
Ces cadets, ces louv´teaux qui veulent quitter le camp
Dès qui manient l´couteau et font des noeuds coulants
Qui n´ont plus comme projets que d´échanger leur or
Pour s´acheter un billet, destination : la mort!