Poisson
par Lynda Lemay
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J´ me souviens de l´odeur
En suspens dans l´ couloir
J´ me souviens qu´ j´avais peur
Mais qu´ c´était obligatoire
J´ me souviens d´ la couleur
De mon p´tit sac de toile
J´ me souviens d´ ma pudeur
D´vant les bonnes femmes à poil
J´ tombais comme en apnée
Dès le stade du vestiaire
Où j´ me suis fait pousser
Des belles verrues plantaires
Pis j´ courais aux toilettes
Enfiler mon Speedo
Qui moulait mon squelette
Sans doute un p´tit peu trop
J´ grandissais tellement vite
J´avais toujours l´ maillot
Une taille trop petite
C´était pas très confo´
Oh, non! C´était pas top
Mais bon, ça continue
Histoire d´avoir l´air propre
Fallait s´ mouiller l´ tissu
Puis toute en chair de poule
Et l´ maillot dans la raie
J´ mettais mes cheveux en boule
Dans un affreux bonnet
En genre de caoutchouc
Que quand j´allais l´enlever
Y allait m´ manquer des bouts
De mon cuir échevelé
J´ me souviens d´ la froideur
De l´eau du vaste bain
J´ me souviens d´ la hauteur
Des trois maudits tremplins
Que juste à les regarder
J´ voulais perdre connaissance
Je spottais les bouées
Qu´y allait falloir qu´on m´ lance
Pis y avait l´ professeur
Musclé jusqu´aux mâchoires
Que j´imagine qu´à c´ t´ heure
Y doit être un vieillard
Oui, mon beau prof à moi
Un Italien de souche
Que j´ voulais pas qu´y voie
Qu´ j´avais l´ maillot dans fourche
J´ rêvais qu´il me regarde
Que ses grosses mains me touchent
J´ rêvais de ma noyade
Juste pour le bouche-à-bouche
Un coup d´ sifflet strident
Et fini les fantasmes
C´est en claquant des dents
Qu´ j´ me sauçais la carcasse
Puis j´ m´agrippais au bord
À m´en casser les griffes
Les babines dans l´ chlore
Les ballounes dans l´ pif
Quand j´essayais d´apprendre
À faire des bubulles
En suivant les commandes
De mon super Hercule
Puis dès que j´ me retournais
Vers une de mes comparses
Fallait toujours qu´elle ait
En travers de la face
Comme une trace gluante
Disparue aussitôt
Que la p´tite écœurante
Osait s´ rincer l´ coco
Et puis y avait les pros
Dans les couloirs du fond
Qui nous faisaient leur show
De nage papillon
Moi, j´avalais leurs vagues
Les grands yeux tout veineux
Un ballon à la taille
Et les lèvres toutes bleues
Aujourd´hui je n´ pratique
Qu´ la nage du p´tit chien
Dans les parcs aquatiques
J´ reste du bord des bambins
J´ai des beaux maillots neufs
Qui, finalement, me font
Pis j´ porte plus ma tête d´œuf
Quand j´ fais d´ la natation
J´ porte pas non plus de string
Si vous voulez savoir
Vieux traumatisme intime
Mes fesses ont d´ la mémoire
Au diable le snorkling
Au diable les plongeons
Faut bien que j´ me résigne
J´ serai jamais un poisson
En suspens dans l´ couloir
J´ me souviens qu´ j´avais peur
Mais qu´ c´était obligatoire
J´ me souviens d´ la couleur
De mon p´tit sac de toile
J´ me souviens d´ ma pudeur
D´vant les bonnes femmes à poil
J´ tombais comme en apnée
Dès le stade du vestiaire
Où j´ me suis fait pousser
Des belles verrues plantaires
Pis j´ courais aux toilettes
Enfiler mon Speedo
Qui moulait mon squelette
Sans doute un p´tit peu trop
J´ grandissais tellement vite
J´avais toujours l´ maillot
Une taille trop petite
C´était pas très confo´
Oh, non! C´était pas top
Mais bon, ça continue
Histoire d´avoir l´air propre
Fallait s´ mouiller l´ tissu
Puis toute en chair de poule
Et l´ maillot dans la raie
J´ mettais mes cheveux en boule
Dans un affreux bonnet
En genre de caoutchouc
Que quand j´allais l´enlever
Y allait m´ manquer des bouts
De mon cuir échevelé
J´ me souviens d´ la froideur
De l´eau du vaste bain
J´ me souviens d´ la hauteur
Des trois maudits tremplins
Que juste à les regarder
J´ voulais perdre connaissance
Je spottais les bouées
Qu´y allait falloir qu´on m´ lance
Pis y avait l´ professeur
Musclé jusqu´aux mâchoires
Que j´imagine qu´à c´ t´ heure
Y doit être un vieillard
Oui, mon beau prof à moi
Un Italien de souche
Que j´ voulais pas qu´y voie
Qu´ j´avais l´ maillot dans fourche
J´ rêvais qu´il me regarde
Que ses grosses mains me touchent
J´ rêvais de ma noyade
Juste pour le bouche-à-bouche
Un coup d´ sifflet strident
Et fini les fantasmes
C´est en claquant des dents
Qu´ j´ me sauçais la carcasse
Puis j´ m´agrippais au bord
À m´en casser les griffes
Les babines dans l´ chlore
Les ballounes dans l´ pif
Quand j´essayais d´apprendre
À faire des bubulles
En suivant les commandes
De mon super Hercule
Puis dès que j´ me retournais
Vers une de mes comparses
Fallait toujours qu´elle ait
En travers de la face
Comme une trace gluante
Disparue aussitôt
Que la p´tite écœurante
Osait s´ rincer l´ coco
Et puis y avait les pros
Dans les couloirs du fond
Qui nous faisaient leur show
De nage papillon
Moi, j´avalais leurs vagues
Les grands yeux tout veineux
Un ballon à la taille
Et les lèvres toutes bleues
Aujourd´hui je n´ pratique
Qu´ la nage du p´tit chien
Dans les parcs aquatiques
J´ reste du bord des bambins
J´ai des beaux maillots neufs
Qui, finalement, me font
Pis j´ porte plus ma tête d´œuf
Quand j´ fais d´ la natation
J´ porte pas non plus de string
Si vous voulez savoir
Vieux traumatisme intime
Mes fesses ont d´ la mémoire
Au diable le snorkling
Au diable les plongeons
Faut bien que j´ me résigne
J´ serai jamais un poisson