Le fantôme
par Maxime Le Forestier
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C´était tremblant, c´était troublant,
C´était vêtu d´un drap tout blanc,
Ça présentait tous les symptômes,
Tous les dehors de la vision,
Les faux airs de l´apparition,
En un mot, c´était un fantôme!
A sa manière d´avancer,
A sa façon de balancer
Les hanches quelque peu convexes,
Je compris que j´avais affaire
A quelqu´un du genr´ que j´prefère :
A un fantôme du beau sexe.
" Je suis un p´tit poucet perdu,
Me dit-ell´, d´un´ voix morfondue,
Un pauvre fantôme en déroute.
Plus de trace des feux follets,
Plus de trace des osselets
Dont j´avais jalonné ma route! "
" Des poèt´s sans inspiration
Auront pris -- quelle aberration! --
Mes feux follets pour des étoiles.
De pauvres chiens de commissaire
Auront croqué -- quelle misère! --
Mes oss´lets bien garnis de moelle. "
" A l´heure où le coq chantera,
J´aurai bonn´ mine avec mon drap
Hein de faux plis et de coutures!
Et dans ce siècle profane où
Les gens ne croient plus guère à nous,
On va crier à l´imposture. "
Moi, qu´un chat perdu fait pleurer,
Pensez si j´eus le cœur serré
Devant l´embarras du fantôme.
" Venez, dis-je en prenant sa main,
Que je vous montre le chemin,
Que je vous reconduise at home "
L´histoire finirait ici,
Mais la brise, et je l´en r´mercie,
Troussa le drap d´ma cavalière...
Dame, il manquait quelques oss´lets,
Mais le reste, loin d´être laid,
Etait d´un´ grâce singulière.
Mon Cupidon, qui avait la
Flèche facile en ce temps-là,
Fit mouche et, le feu sur les tempes,
Je conviai, sournoisement,
La belle à venir un moment
Voir mes icônes, mes estampes...
" Mon cher, dit-ell´, vous êtes fou!
J´ai deux mille ans de plus que vous... "
-- Le temps, madam´, que nous importe! --
Mettant le fantôm´ sous mon bras,
Bien enveloppé dans son drap,
Vers mes pénates je l´emporte!
Eh bien, messieurs, qu´on se le dis´:
Ces belles dames de jadis
Sont de satanées polissonnes,
Plus expertes dans le déduit
Que certain´s dames d´aujourd´hui,
Et je ne veux nommer personne!
Au p´tit jour on m´a réveillé,
On secouait mon oreiller
Avec un´ fougu´ plein´ de promesses.
Mais, foin des dédic´s de Capoue!
C´était mon père criant : " Debout!
Vains dieux, tu vas manquer la messe! "
C´était vêtu d´un drap tout blanc,
Ça présentait tous les symptômes,
Tous les dehors de la vision,
Les faux airs de l´apparition,
En un mot, c´était un fantôme!
A sa manière d´avancer,
A sa façon de balancer
Les hanches quelque peu convexes,
Je compris que j´avais affaire
A quelqu´un du genr´ que j´prefère :
A un fantôme du beau sexe.
" Je suis un p´tit poucet perdu,
Me dit-ell´, d´un´ voix morfondue,
Un pauvre fantôme en déroute.
Plus de trace des feux follets,
Plus de trace des osselets
Dont j´avais jalonné ma route! "
" Des poèt´s sans inspiration
Auront pris -- quelle aberration! --
Mes feux follets pour des étoiles.
De pauvres chiens de commissaire
Auront croqué -- quelle misère! --
Mes oss´lets bien garnis de moelle. "
" A l´heure où le coq chantera,
J´aurai bonn´ mine avec mon drap
Hein de faux plis et de coutures!
Et dans ce siècle profane où
Les gens ne croient plus guère à nous,
On va crier à l´imposture. "
Moi, qu´un chat perdu fait pleurer,
Pensez si j´eus le cœur serré
Devant l´embarras du fantôme.
" Venez, dis-je en prenant sa main,
Que je vous montre le chemin,
Que je vous reconduise at home "
L´histoire finirait ici,
Mais la brise, et je l´en r´mercie,
Troussa le drap d´ma cavalière...
Dame, il manquait quelques oss´lets,
Mais le reste, loin d´être laid,
Etait d´un´ grâce singulière.
Mon Cupidon, qui avait la
Flèche facile en ce temps-là,
Fit mouche et, le feu sur les tempes,
Je conviai, sournoisement,
La belle à venir un moment
Voir mes icônes, mes estampes...
" Mon cher, dit-ell´, vous êtes fou!
J´ai deux mille ans de plus que vous... "
-- Le temps, madam´, que nous importe! --
Mettant le fantôm´ sous mon bras,
Bien enveloppé dans son drap,
Vers mes pénates je l´emporte!
Eh bien, messieurs, qu´on se le dis´:
Ces belles dames de jadis
Sont de satanées polissonnes,
Plus expertes dans le déduit
Que certain´s dames d´aujourd´hui,
Et je ne veux nommer personne!
Au p´tit jour on m´a réveillé,
On secouait mon oreiller
Avec un´ fougu´ plein´ de promesses.
Mais, foin des dédic´s de Capoue!
C´était mon père criant : " Debout!
Vains dieux, tu vas manquer la messe! "