Le petit café-tabac
par Michel Bühler
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C´était un p´tit café tabac
Qu´avait eu des hauts et des bas
Marie la patronne était chouette
De grands yeux verts, de beaux ch´veux noirs
Ca s´passait près des abattoirs
De la Villette
Sur le zinc à l´heure d´l´apéro
Elle vous troublait de vrai Pernod
D´une main langoureuse et blanche
Son corps était si ravissant
Que tous les clients rêvaient d´s´en
Payer une tranche
Comme elle avait de la vertu
Elle nous disait : "Turlututu
Doucement les gars! Bas les pattes!"
Et nous pour pas rester en l´air
On s´en jetait vivement un der-
-rière la cravate
Y avait Eugène un grand costaud
Qu´avait des bras comme des marteaux
Qu´aurait p´têt´ pu, mais la finette
Pensait :"Si j´flanche les autres gars
Lâcheront tous mon café-tabac"
C´était pas bête
Au mur y avait l´portrait d´Jaurès
Qu´était l´épée de Damoclès
Sur les bourgeois et leurs délices
Ils l´ont tué mais Damoclès
A passé l´épée à Thorez
Le beau Maurice
C´était le temps des Partagas
Des Voltigeurs et des Niñas
Son café, j´en pleure quand j´y pense
Le vin, les croissants croustillants
Les propos légers, pétillants
C´était la France
Depuis lors, ça s´est bien gâté
Sont venus des reîtres bottés
Aux figures sans physionomie
C´était peut-être pire que le Blitz
D´avoir chez soi ces gueules de Fritz
Quelle cochonnerie
Alors au p´tit café-tabac
Plus de café ni de tabac,
Plus rien nulle part ni bidoche
Ni pain ni vin, l´horizon noir
Rien que la faim le désespoir
Rien que du Boche
Ces messieurs n´venaient pas beaucoup
Chez la Marie discuter l´coup
Ils ne s´y sentaient pas à l´aise
Eugène a dit : "Ces salopards
Faudrait s´en occuper dare-dare
A la française
Ils l´ont fait. C´était un sale truc
Ca a fini à Ravensbruck
Pas un n´a voulu s´mettre à table
Marie là-bas, elle a maigri
Ses ch´veux noirs sont dev´nus tout gris
Son teint de sable
Délivrée enfin des SS
Elle a r´trouvé son tiroir-caisse
Les gars? Cinq disparus sans trace
Elle a fait recrépir les murs
Avec un p´tit filet d´azur
Autour des glaces
Eugène est rentré. Un coup d´vieux,
Lui aussi. Elle a dit : "Mon Dieu!"
Puis il y eut un grand silence
Elle a fait un geste, il a ri :
"Ah non, maintenant c´est fini
La résistance"
Elle pleurait : "Mes cheveux sont gris!"
Il a fait : "Bah, les miens aussi
Pour moi t´es belle ma p´tite Marie
Quand on s´aime, c´est toujours l´printemps
On les a conduits l´mois suivant
A la Mairie
A la noce il y eut du bonheur
Marie était belle comme une fleur
Tout fut exquis, le vin, la danse
L´amitié. Alors ce soir-là
J´ai r´trouvé au café-tabac
La douce France.
Qu´avait eu des hauts et des bas
Marie la patronne était chouette
De grands yeux verts, de beaux ch´veux noirs
Ca s´passait près des abattoirs
De la Villette
Sur le zinc à l´heure d´l´apéro
Elle vous troublait de vrai Pernod
D´une main langoureuse et blanche
Son corps était si ravissant
Que tous les clients rêvaient d´s´en
Payer une tranche
Comme elle avait de la vertu
Elle nous disait : "Turlututu
Doucement les gars! Bas les pattes!"
Et nous pour pas rester en l´air
On s´en jetait vivement un der-
-rière la cravate
Y avait Eugène un grand costaud
Qu´avait des bras comme des marteaux
Qu´aurait p´têt´ pu, mais la finette
Pensait :"Si j´flanche les autres gars
Lâcheront tous mon café-tabac"
C´était pas bête
Au mur y avait l´portrait d´Jaurès
Qu´était l´épée de Damoclès
Sur les bourgeois et leurs délices
Ils l´ont tué mais Damoclès
A passé l´épée à Thorez
Le beau Maurice
C´était le temps des Partagas
Des Voltigeurs et des Niñas
Son café, j´en pleure quand j´y pense
Le vin, les croissants croustillants
Les propos légers, pétillants
C´était la France
Depuis lors, ça s´est bien gâté
Sont venus des reîtres bottés
Aux figures sans physionomie
C´était peut-être pire que le Blitz
D´avoir chez soi ces gueules de Fritz
Quelle cochonnerie
Alors au p´tit café-tabac
Plus de café ni de tabac,
Plus rien nulle part ni bidoche
Ni pain ni vin, l´horizon noir
Rien que la faim le désespoir
Rien que du Boche
Ces messieurs n´venaient pas beaucoup
Chez la Marie discuter l´coup
Ils ne s´y sentaient pas à l´aise
Eugène a dit : "Ces salopards
Faudrait s´en occuper dare-dare
A la française
Ils l´ont fait. C´était un sale truc
Ca a fini à Ravensbruck
Pas un n´a voulu s´mettre à table
Marie là-bas, elle a maigri
Ses ch´veux noirs sont dev´nus tout gris
Son teint de sable
Délivrée enfin des SS
Elle a r´trouvé son tiroir-caisse
Les gars? Cinq disparus sans trace
Elle a fait recrépir les murs
Avec un p´tit filet d´azur
Autour des glaces
Eugène est rentré. Un coup d´vieux,
Lui aussi. Elle a dit : "Mon Dieu!"
Puis il y eut un grand silence
Elle a fait un geste, il a ri :
"Ah non, maintenant c´est fini
La résistance"
Elle pleurait : "Mes cheveux sont gris!"
Il a fait : "Bah, les miens aussi
Pour moi t´es belle ma p´tite Marie
Quand on s´aime, c´est toujours l´printemps
On les a conduits l´mois suivant
A la Mairie
A la noce il y eut du bonheur
Marie était belle comme une fleur
Tout fut exquis, le vin, la danse
L´amitié. Alors ce soir-là
J´ai r´trouvé au café-tabac
La douce France.