Un jour qu´un cirque avait planté sa toile
Sur la place communale
De mon patelin,
Les yeux de ma femme adorée s´allumèrent
plus que de coutume, dès le matin.

Elle dit en faisant voler les épis
de ses cheveux, sexy et fantaisiste
"Emmène-moi donc cet après-midi
Voir les jongleurs et les
Illusionnistes."

{Refrain:}
Qu´auriez-vous fait à ma place?
J´avais du soleil dans les yeux.
En ce temps-là, j´étais bonasse
Et je n´y voyais que du feu.

Et nous voilà portés par la cohue
Et la foule qui hue
Sous les arceaux et la marée nous transporta
Cahin-caha, vers les gradins
Du chapiteau.

Enfin la piste s´alluma d´éclairs
Et de feux rouges et verts.
V´là les artistes,
Tous les dompteurs, tous les gros chats,
Les clowns, les chiens savants, les v´là,
Les trapézistes.

{au Refrain}

Ma femme avait déjà l´oeil polisson.
Et les doigts du frisson
Brûlaient ses reins.
Son rire, son regard allumé, ses cris
Auraient déjà suffit à m´encorner.

Mais quand parut, vêtu de noir, d´argent,
Comme un prince charmant,
L´illusionniste,
Ma femme sombra dans un brouillard profond,
Pour peu, elle aurait bondi sur la piste.

{au Refrain}

Durant six jours, elle a goûté, fébrile,
Au jeu combien subtil de cet artiste.
Et, bien des fois, je suis resté tout seul,
Plus seul qu´un épagneul,
Près de la piste.

Un jour, le cirque a remballé sa toile,
Emporté mon étoile et ses artistes.
Ce magicien ne m´a laissé, crénom,
Qu´un tour à sa façon
D´illusionniste :

Un petit lapin, vilain lapin
Qui faisait "coucou"
Dans un gibus.

Elle est partie, ma femme.

Si vous la rencontrez...
Gardez-là!