Ballade pour une gardienne de musée
par Serge Reggiani
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Dans un demi-mètre carré
Sous une pomme et le Figaro
Deux ou trois uniformes, un Thermos de café
Dort sur une étagère une vie de porte-manteau
Pour les beaux yeux de Picasso
C´est pas signé, c´est pas sous verre
Ça porte pas la mention "fragile"
Et pourtant, regardez, ce bazar de grand-mère
Où l´ennui comme un rat a élu domicile
Parle autant qu´la peinture à l´huile
C´est fou ce qu´on trouve dans un vestiaire
D´une gardienne de musée
Faudrait qu´on songe
Ce serait une idée du tonnerre
A faire payer l´entrée
Pour visiter ce vide-poches
Ces bonbons qu´on suce sans fin
Les coupures de journaux, les miettes de brioche
Les filets de patience tricotés à la main
Et ces "je partirai demain"
Et si on mettait en vitrine
Ces solutions de mots croisés
Tout ce temps fondu comme un cachet d´aspirine
Et là, juste en dessous d´un cadre fatigué
On écrirait "ne pas toucher"
C´est fou ce qu´on trouve dans un vestiaire
D´une gardienne de musée
Faudrait qu´on songe et ça serait sûrement une affaire
A faire payer l´entrée
Dans cette petite armoire sans fond
Où palpite un cœur empaillé
Si César compilait ces revues, ces chiffons
On ferait de l´art moderne un concept branché
Avec ce fatras empilé
Bien sûr elle voudrait s´en aller
Mais dehors le monde lui fait peur
Avec tous ces touristes, pas besoin de voyager
C´est la tour de Babel, ça lui donne mal au cœur
Ici on est déjà ailleurs
Elle a mis sa vie au vestiaire
Sur un cintre pour ne pas la froisser
Qui pourrait soupçonner qu´entre deux étagères
Dorment vingt-cinq années
D´une gardienne de musée?
Sous une pomme et le Figaro
Deux ou trois uniformes, un Thermos de café
Dort sur une étagère une vie de porte-manteau
Pour les beaux yeux de Picasso
C´est pas signé, c´est pas sous verre
Ça porte pas la mention "fragile"
Et pourtant, regardez, ce bazar de grand-mère
Où l´ennui comme un rat a élu domicile
Parle autant qu´la peinture à l´huile
C´est fou ce qu´on trouve dans un vestiaire
D´une gardienne de musée
Faudrait qu´on songe
Ce serait une idée du tonnerre
A faire payer l´entrée
Pour visiter ce vide-poches
Ces bonbons qu´on suce sans fin
Les coupures de journaux, les miettes de brioche
Les filets de patience tricotés à la main
Et ces "je partirai demain"
Et si on mettait en vitrine
Ces solutions de mots croisés
Tout ce temps fondu comme un cachet d´aspirine
Et là, juste en dessous d´un cadre fatigué
On écrirait "ne pas toucher"
C´est fou ce qu´on trouve dans un vestiaire
D´une gardienne de musée
Faudrait qu´on songe et ça serait sûrement une affaire
A faire payer l´entrée
Dans cette petite armoire sans fond
Où palpite un cœur empaillé
Si César compilait ces revues, ces chiffons
On ferait de l´art moderne un concept branché
Avec ce fatras empilé
Bien sûr elle voudrait s´en aller
Mais dehors le monde lui fait peur
Avec tous ces touristes, pas besoin de voyager
C´est la tour de Babel, ça lui donne mal au cœur
Ici on est déjà ailleurs
Elle a mis sa vie au vestiaire
Sur un cintre pour ne pas la froisser
Qui pourrait soupçonner qu´entre deux étagères
Dorment vingt-cinq années
D´une gardienne de musée?