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Testament

par Véronique Pestel

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{Parlé:}
À l´enfant que je n´ai pas eu
Mais que d´un homme je reçus
Septante fois sept fois et même davantage, à l´enfant sage
Dont je formais le souffle et le visage
Sept fois septante fois, dans un ventre pareil
Au mien, par des nuits rouges de soleil
Par des jours cristallins d´aurore boréale,
À l´enfant dont je porte en moi les initiales
Secrètes, ainsi que ton nom, Yahvé,
Enfant conçu, toujours inachevé
Qu´on me fait, que je fais, à chaque fois que j´aime
Qui se défait en moi pour donner un poème
À l´enfant qui ne viendra pas
Clore mes yeux, choisir l´ultime drap,
Marcher derrière mon poids d´os, de cendres
Me regarder dans la fosse descendre
À cet enfant je lègue devant Dieu, devant
Les hommes et mon chien, devant le jour vivant
(Qui n´est que parce que je suis et qui mourra
Comme je meurs) je lègue, pour autant que
Se pourra
Pour autant qu´il en fasse usage en lieu et place
De moi, ses père et mère en un seul être pris
Je lègue tous mes biens de chair, d´esprit
De temps toujours compté et d´illusoire espace

{Chanté:}
Le coin de ciel que j´ai scruté en vain
L´arpent de terre où j´usai mes semelles
Les quatre murs entre quoi je me tins
Les six cloisons qui leur seront jumelles

L´argent qui m´est entre les doigts filé
Pour le plaisir que j´eus à le répandre
Le faux savoir qu´on me crut refiler
Pour le bonheur d´aussitôt désapprendre

Les jours passés que je n´ai pas vécus
Les jours vécus près desquels suis passée
Le temps mortel à quoi j´ai survécu
L´heure éternelle et pourtant effacée

L´amour jeté dont j´ignorais le prix
L´amour donné à qui ne sut le rendre
L´amour offert qu´aussitôt je repris
L´amour perdu qu´on voit dehors attendre

{Parlé:}
À l´enfant que je n´ai pas eu
Que pourtant j´ai, de ma semence,
Formé dedans ma chair conçu
Dont chaque étreinte parfait l´existence
À cet enfant je lègue pour le mieux mais surtout
Pour le pire, ce que m´a prêté le jour

{Chanté:}
Le moi dont à crédit je fais usage
À des taux qui dépassent mes moyens
Dont je n´ai pu choisir ni le visage
Ni le sexe (il faut prendre ce qui vient)

Un cerveau creux dans une tête pleine
Un corps trop mou sur des os trop puissants
Un sang trop vif pour une courte haleine
Un cœur trop doux pour ce furieux sang

Des pieds qui n´ont soulevé que poussière
Des bras surpris d´avoir étreint le vent
Des genoux pris au piège des prières
Des mains restant vides comme devant

Des yeux fermés sur un côté des choses
Cette moitié qui fait à tous défaut
Des yeux ouverts sous leurs paupières closes
Et dans le noir voyant plus qu´il n´en faut

{Parlé:}
À l´enfant que je n´ai pas eu
Je lègue enfin, pour qu´il en tienne
Bien compte, pour qu´il s´en souvienne
Par contumace, lorsque sera décousu
L´ourlet de mon passage sur l´étoffe ancienne

Les quinze choses que jamais je n´ai pu faire
Courber le front devant plus grand que moi
Marcher sur plus petit, montrer du doigt
Crier avec la foule, ou bien me taire
Reconnaître parmi les Blancs le Noir
Choisir dix justes, nommer un coupable
Trouver telle attitude convenable
Lire un autre que moi dans les miroirs
Conjuguer l´amour à plusieurs personnes
Résister à la tentation, blesser exprès
Rester dans l´indécis, dire Cambronne
Au lieu de merde, qui est plus français
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